Impossible état des lieux de la comédie française récente : les exemples se multiplient pour déjouer toute tentative de décryptage, entre retour aux sources et avant-gardisme troqué. Mariages !, comme L’Incruste il y a peu, ne se pose pas vraiment la question. Comédie à l’ancienne avant tout, dans la plus pure tradition du début des années 80 : pas un gramme de cinéma, des dialogues bien écrits et des bons mots en pagaille (« ceux qui sont dehors veulent y entrer, ceux qui sont dedans veulent en sortir »). Et plein d’acteurs très populaires en guise de pochettes-surprises : Jean Dujardin, l’histrion d’Un Gars, une fille, la série-culte de France 2, mais aussi Lio, Miou-Miou, Mathilde Seigner. Drôle de casting, jouant à fond la carte sympathie, et le tour est joué.
Reste l’histoire, qui tient en une demi-ligne : trois mariages dans un mariage, trois couples dans les 24 heures d’une noce qui vire à la crise générale. Il y a la jeune génération (25 ans), l’intermédiaire (35 ans) et les autres. Des jeunes et des vieux, des pour et des contre, des conservateurs et des libéraux, des modernes et des traditionnels. Le problème principal du film de Valérie Guignabodet, outre une esthétique invraisemblable de simplicité (jusqu’à plagier les standards de Vladimir Cosma ou le style d’un Jean Girault), tient dans son manque de courage : à la remise en cause sympathique des certitudes de chacun, qui ouvre sur une première partie joliment brinquebalante, succède une fade et inévitable remise à niveau par le bas. Le progressisme timide de l’ensemble, sa façon de ne pas assumer le joyeux foutoir qu’il s’est plu à installer est assez déplaisante.
Rien de bien grave cependant, tant Mariages ! relève ouvertement de la pochade : pas d’enjeux, pas de propositions qui dépassent le stade du divertissement post-télévisuel, et la conscience qu’au fond tout cela relève d’une gentille escroquerie. Il y a là quelque chose qui rappelle les horribles Invasions barbares et en même temps une légèreté, un refus de donner la leçon qui sauvent le film in extremis. Récréation de vieux soixante-huitards mal dans leur peau, cette sarabande nuptiale a les qualités et les défauts de sa médiocrité : un état d’ébriété tranquille, entre farce et petit cours sans cesse interrompu. Ni gentil ni méchant, le film flotte dans le plus parfait anonymat. On n’en attendait presque pas tant.