On en vient presque à maudire le succès de Trainspotting quand on se trouve confronté aux nombreux produits dérivés qu’il a créés dans son sillon. Le film de Nick Hamm témoigne ainsi d’une certaine tendance du cinéma anglais à se confiner dans le registre des sympathiques comédies de moeurs avec des jeunes et pour les jeunes. L’histoire de ce film est pleine de fraîcheur : trois garçons tombent amoureux de la belle Martha, jeune americaine qui a dépensé ses 99 dollars d’économies pour un billet d’avion, sans se soucier de la destination. Son escapade la mène à Londres où elle va changer la vie des trois amis et leur apprendre à se remettre en question. Intéressant par son enthousiasme, le récit prône l’aventure et le courage qu’il faut pour changer une vie que l’on n’aime pas, mais malheureusement, il accumule aussi les clichés liés à une pseudo culture jeune.
Le scénario sous forme de flash-backs est prévisible du début à la fin, y compris le gag final qui met en scène le héros qui s’est trompé de porte et s’est malencontreusement confié au voisin garagiste et non pas pas au psychanalyste.
Pour un film qui a l’ambition d’être le reflet de la jeunesse londonienne (dixit le dossier de presse), il est navrant de constater le manque de profondeur psychologique des personnages confinés au statut de l’imagerie et du cliché. On trouve la belle et innocente héroïne, Daniel, le producteur arrogant et dragueur, Franck, l’artiste raté, et Lawrence, le jeune premier dégoulinant de bons sentiments. Mais le réalisateur va encore plus loin dans la niaiserie en bâclant ce qui aurait pu être un aspect intéressant du film, à savoir une description d’un Londres vu par la génération des 90’s. Au lieu de ça, c’est un Londres de carte postale qu’il nous présente, avec toutes les imageries traditionnelles des comédies romantiques, comme les ponts sur la Tamise baignant dans une lumière de coucher de soleil.
Rien ne nous est épargné dans les poncifs et la mise en scène, dans l’ensemble assez plate et proche de la mise en image, symptomatique de l’effort de vouloir faire jeune et branché. Ainsi, on ne sait pas trop pourquoi, quelques séquences du film sont filmées avec un montage ultra rapide et des cadrages obliques sans que ce choix ne soit justifié par la narration. La scène dans laquelle Franck récite son texte dans le bus ressemble à une pub de banque pour aguicher les jeunes ; ici le cadrage oblique est sensé traduire l’angoisse du héros qui se rend à une audition !
On ne retrouve pas dans Martha, Franck, Daniel et Lawrence, l’ironie et la causticité qui font le succès de l’humour anglais. En se présentant comme une comédie de moeurs romantique, le film flirte surtout du côté de la niaiserie : conte de fée et happy end obligatoires.