Condensé improbable de parti pris réaliste et de tape-à-l’oeil hagiographique, Manipulations est un film hybride qui se cherche, sans jamais parvenir à opter pour une démarche cinématographique claire et tranchée.
Tout commence par des gros plans et des mouvements de caméra compulsifs : à la Maison-Blanche, le président des Etats-Unis (Jeff Bridges) s’apprête à nommer un nouveau vice-président dans la furia générale. La cause de la nervosité ambiante ? le nouveau promu est une femme (Laine Hanson jouée par Joan Allen). Une nomination qui, consitution oblige, devra être validée par une commission du Congrès férocement dirigée par un sénateur républicain réactionnaire, Shelly Runion (Gary Oldman). Le décor est planté dans un souci de vérisme assumé, agrémenté de quelques effets de réel médiatique, avec la présence de Larry King en journaliste guest-star. Pour éviter l’austérité rébarbative d’un film sur les arcanes de la politique américaine, Rod Lurie enrobe la réalisation d’envolées cinématographiques spectaculaires. Certainement inspiré par Michael Mann (Heat, Révélations), un habitué de ce mélange d’abstraction géométrique et de réalisme poussé, il multiplie les poses, plans-séquences élaborés ou constructions scéniques complexes. Même si Lurie n’est pas Mann, cette recherche de virtuosité parfois vaine (le jogging de Laine Hanson dans le cimetière), donne parfois lieu à une mise en scène originale : un duel parlementaire retransmis par des téléviseurs découpant l’espace ou l’interview en duplex de la future « Second First Lady », caméra braquée sur elle captant uniquement le flux sonore de ses réponses.
Malheureusement l’inspiration du réalisateur s’évapore au fil du récit. La dernière partie de Manipulations, scénaristiquement faible, est anéantie par une mise en scène pesante. Restent les comédiens, irréprochables.