Une super héroïne en pince pour un cadre moyen. Problème : ses pouvoirs la rejette en marge de la société, suscitant névrose et frustration. Conséquence : lassé, monsieur Toutlemonde finit par fricoter avec sa collègue plus formatée. Wonderwoman pète les plombs. Excellente idée que ce sujet de comédie bien troussé. Porté à l’écran par Ivan Reitman, vieux routier du genre en perdition, le concept prend l’eau. Effets spéciaux pitoyables, rythme anémié, rien ne comble les trous d’air du scénario pas même les comédiens, tous excellents. Tous ? Non, il y a Anna Faris, blondasse insupportable au jeu aussi délié qu’une bimbo d’AB production. A elle seule, elle symbolise la destruction de l’entreprise, ou comment s’élever avec la sublime Uma Thurman pour se crasher avec l’atroce Faris.
Il faut donc dépiauter Ma super ex soi même pour trouver son bonheur. D’abord, débarrasser l’écriture des images graisseuses et rigolardes de Reitman. Elle est l’apanage du scénariste des Simpson et ça se voit. En deux ou trois scènes, le décor est planté, les personnages distillent une puissance comique dévastatrice, portant en eux caricature sociologique et charge gaguesque. On le répète, on aurait rêvé d’un cinéaste inventif aux commandes tant l’intrigue compte sur un complément visuel ou rythmique qui manque cruellement ici. Pire, la mise en scène empèse même certains gags, misant sur une grivoiserie lénifiante. On pense surtout aux premiers rapports sexuels où la super extase d’Uma Thurman défonce le lit de son partenaire. Dès le premier brusquement de reins, on anticipe la montée en puissance de la scène qui toujours se répète sans jamais se délier.
Reste Uma Thurman qui insuffle corps et étrangeté au film. Son rôle traduit assez justement son incompatibilité chronique à se conformer aux dictats hollywoodiens. D’un horrible Batman à quelques panouilles dans des films d’époques anecdotiques, l’industrie et les auteurs ne savent pas comment l’utiliser. Ma super ex donne un élément d’explication : trop belle, trop grande, trop sexuée ou ironique, l’actrice atteint une forme de perfection irradiante qui met Hollywood mal à l’aise. A part Tarantino qui règle le problème en s’autoproclamant cinéaste fan, qui d’autre l’intègre dans un dispositif à sa mesure ? Personne : dans Petites confidences (à ma psy), elle couchait avec un jeune de 18 ans, larguée par son homme. Ici elle se fait piquer son mec par le tout venant hollywoodien. Tout un symbole.