Après le terrible Les Virtuoses, Mark Herman commet un nouveau film encore bien au-delà de nos craintes. Le réalisateur y narre grossièrement une histoire qui oscille entre Une Etoile est née et The Full monthy, ne retenant de ces deux films que leurs aspects les plus clichés pour l’un, les plus vulgaires pour l’autre. Il se sert ainsi de l’argument principal du film -Little Voice, jeune fille prodige qui a des dons d’imitation- comme prétexte pour créer des personnages secondaires qui sont autant de caricatures : la mère alcoolique et égoïste, la copine boulotte, et l’agent minable (Michael Caine seul acteur du film qui s’en tire avec les honneurs dans son rôle de ringard). Tous sont des losers que le cinéaste tente de filmer à la manière d’un John Waters, en insistant par exemple sur leur laideur physique ou leur comportement ridicule (cf. la danse effrénée entre la mère et sa copine, si grosse, qu’elle casse le canapé en se jetant dessus !).
De bout en bout, l’humour s’encrasse dans la moquerie gratuite sans atteindre le millième de subversion et d’ambiguïté qui rendent si fascinants les héros de Waters. Mark Herman se moque « beaufement » de ses personnages, en évitant soigneusement d’être original. Ses pitoyables tentatives pour les animer de sentiments ne sont que maladroite niaiserie, à l’image des scènes de romance entre Little Voice et le jeune employé des Telecom, passionné par les pigeons voyageurs (pauvre Ewan Mc Gregor !). Et que dire de l’héroïne si ce n’est que l’on fait difficilement plus ridicule. Affublée d’une coupe au bol et d’une voix nasillarde pour faire plus ado (l’actrice étant beaucoup plus âgée que le rôle), Little Voice, a priori timide, fait davantage penser à une autiste limite trisomique qu’à une future star de la variété !
Avec cette navrante comédie sentimentale, Mark Herman nous apporte sur un plateau la preuve flagrante de son manque de talent.