Discrètement présenté l’année dernière au Festival de Locarno, Les Saisons de l’amour ne sort en France qu’aujourd’hui. D’ailleurs, seule la présence de Natacha Regnier au générique de ce nanar semble être à l’origine de cette dispensable exhumation. Amateurs de coproductions internationales, de passions à vingt lires et de romans de gare, ce film est fait pour vous. Divisé en trois segments se déroulant chacun à des époques et dans des pays différents, Les Saisons de l’amour se borne à répéter des signes et des images (dont celle d’une grosse vague filmée en numérique, probable métaphore du désir dévastant tout sur son passage…) afin d’établir un lien entre ses histoires.
Premier récit : Afrique, fin du XIXe siècle. En route vers un territoire colonisé par l’armée de son pays, une jeune bourgeoise britannique s’éprend d’un simple officier d’ordonnance, ce qui ne va pas sans scandale. Envolées lyriques incongrues et scène de cul scabreuse (devenue infirmière, l’héroïne se tape un mutilé de guerre) sont au rendez-vous. Le second volet du film -festival d’humour involontaire- prend place au cœur du Paris de l’Occupation. Notre Natacha nationale y joue de la flûte traversière tout en folâtrant gaiement avec Boris, le violoniste russe de son orchestre. Problème : les deux tourtereaux ne parlent pas la même langue et peinent à se comprendre en dehors de la musique et du missionnaire.
Heureusement, Natacha veille au grain et s’achète un bon gros dictionnaire franco-russe. Cela suffira-t-il à sauver leur amour ? Rien n’est moins sûr, car la petite flûtiste est du genre parano et s’amuse à foutre la merde entre deux si bémols… Enfin, rien de tel qu’un épisode chez soi pour clore ce film à rallonge. Naty, quatorze ans, s’invente une histoire d’amour avec Giuseppe, un collégien tombé dans le coma. Chaque jour, l’adolescente rend visite à ce dernier et lui raconte des histoires, persuadée que le jeune homme l’entend. Elle est même prête à voler une grenouille en peluche pour faire plaisir à son ami. Lorsque Giuseppe se réveille, il lui sourit… Là, on peut se passer de commentaires, et finir en souhaitant bon courage aux futurs spectateurs pervers de cette énième daube ritale.