Fréquemment, sur nos écrans, on nous ressert une de ces comédies dont le seul programme est contenu dans la volonté revancharde de passer en revue tout ce que la société porte comme emmerdeurs, piques-assiettes, et… Parasites, donc. C’est une manière de film somme, en somme, mais aussi presque toujours un sommet affligeant d’âneries, de gags simiesques, et de répliques foirées. Dérivé du vaudeville fin dix-neuvième (Le chapeau de paille d’Italie) pour l’intrigue maigrelette (un type essaye toute la nuit de rejoindre un bal costumé organisé par la femme qu’il voudrait embrasser pour la première fois), Les parasites, grenouille qui se voulait plus grosse que le bœuf, se rêve en digne successeur des comédies noires du Splendid. Plus modestement, le film navigue dans les eaux troubles des one-man-show d’Henri Tissot (qui ça ?), pour échouer finalement aux confins des sketchs « carnavalesques » de Patrick Sébastien. On y retrouve, comme chez le bouffon cathodique, les mêmes personnages « clichetoneux »: l’éternel flicard adepte de la matraque, le jeune oisif jointée jusqu’aux os, le frimeur qui roule en Ferrari, la petite bourgeoise et son balai dans le cul, bref, le catalogue de La Redoute du café-théâtre ordinaire. C’est TF1 qui se rêve Canal + ? Pas du tout… Plutôt Canal + qui vire TF1 (et encore, le TF1 d’il y a dix ans), vu qu’Eskwad, la « filiale » cinéma de la chaîne à péage et Canal + écriture sont trempés jusqu’au cou dans la chose. Le plus terrible, c’est que pour jouer ce petit monde, se bouscule au portillon tout un tas de jeunes comédiens encore peu connus, chacun essayant de tirer sa maigre épingle du jeu. Il s’agit de se montrer, de montrer sa gueule, afin de se faire ne serait-ce qu’une petite place dans le paysage cinématographique français. C’est un vrai combat, invisible et dégradant, qui s’engage alors. Qui saura le mieux attirer les rires ? Qui sera le roi des cabots ? Qui se fera remarquer ? Or, dans l’escalade de grimaces qui suit, pas de surprise : ceux qui ont déjà de la bouteille écrasent les autres. Si Elie Semoun réussit à arracher quelques rires (« au royaume des aveugles… »), les autres, tous les autres (y compris Atmen Khelif en qui on porte pourtant quelques espoirs), sont nuls. La faute à qui ? A un scénario qui ne vaut pas un clou ? A un réalisateur qui ne sait ni filmer ni diriger ? A une production qui défend les mauvais projets ? Les comédiennes, on s’en doute, ont toutes été choisies sur leur physique, y compris Sabine Bail, qui en possède un sacré, de physique, mais comme on dit, « pas facile » : il en faut bien une pour faire le thon. Dans la pire scène du film, son personnage, abandonné lâchement par le héros dans un karaoké désert, se torche à la vodka, puis danse (mal) et chante (archi-faux) sur un tube français. Le numéro d’actrice tourne à l’humiliation, et pourtant, à ce moment-là, on est ému, de la voir se donner autant. On est ému, pour elle, pour elle seulement, et absolument contre le film, contre son réalisateur, à qui on en veut de n’avoir pas su respecter (un peu) ses acteurs et ses personnages.
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