Le nanard de la semaine, du mois ou pire encore, porte un titre à rallonge comme les pantalonnades ringardes des seventies / eighties. Pour commencer il faudrait s’étonner, s’indigner plutôt, que pareille horreur puisse investir le grand écran. Se demander, en tout cas, comment un film comme celui-là peut-être financé, produit puis distribué. Eternelle question. Mais enfin il est là, ce film de Bob Decourt. Là et pas à la télé, car à bien y réfléchir, même si sa nullité crasse et sa mise en scène le prédestinent davantage au petit qu’au grand écran, on imagine mal une chaîne acheter une telle escroquerie. Même pas M6, pour ses deuxièmes parties de soirée, à la place d’un vieux Aldo Maccione. Voilà, Les Gens honnêtes vivent en France existe. Et satirise grave. Les bouffonneries d’un autre âge ont toujours cours en France, qui entendent se moquer des puissants. On rigole. Humour. Mouais.
Alors voilà, c’est Bruno Putzulu (pataud comme c’est pas permis), aimable bibliothécaire, il est amoureux de sa collègue, improbable bécasse habillée par Salut les copains, coiffée en choucroute et peinturlurée comme un stand des Galeries Lafayette (Hélène de Fougerolles, ridicule, donc). Et puis il y Victoria Abril, business woman dans les relations publiques, pouf’, inculte et arriviste, qui veut mettre le grappin sur un député ministrable. Ensuite, si l’on se souvient bien, c’est à peu près ça : Fougerolles se meurt d’amour pour un cinéphile zozotant et postillonnant aux cheveux gras qui lui pique son bas de laine, tandis que Putzulu devient le secrétaire personnel de Abril et doit pour elle aller adopter un enfant en Colombie. On perd de vue Fougerolles mais on la retrouve en Colombie. Quoi encore ? Le fils de Victoria Abril est un demeuré déguisé en Eminem, le député finit par être rattrapé par un scandale financier. C’est tout, à peu près, mais qu’importe. La leçon ? Tous pourris, les puissants, tous obsédés par l’image, on vit dans un monde superficiel et mass-médiatique. Certes, mais la vulgarité n’est pas seulement de leur côté. Voyez pour cela Les Gens honnêtes vivent en France, laid de bout en bout, il est vulgaire comme un vieux bourgeois.