Ceci n’est pas le remake hexagonal des Blancs ne savent pas sauter, mais bel et bien un produit cent pour cent du terroir, filmé en grande partie sur les côtes bretonnes. L’amitié entre Gwen (Isild Le Besco) et Lise (Karen Alyx), deux adolescentes, est préservée par tous les étés passés ensemble. Or, cette année-là, Lise vient de perdre son père, et les vacances prennent une tournure particulière…
Fragmenté en trois blocs très distincts, le récit souffre de cette structure rigide, presque trop parfaitement mathématique. En s’intéressant indépendamment aux deux jeunes filles avant de les réunir, Anne-Sophie Birot met en évidence le fossé qui les sépare afin de démontrer l’impossibilité d’un rapport harmonieux. A quoi bon ? Comme si la réalisatrice se réjouissait de cette confrontation problématique, elle s’obstine à créer des environnements familiaux dépressifs dont les conséquences éclateront lors d’un dernier tiers particulièrement dramatique. En d’autres termes, 1 est différent de 2, donc 1 + 2 = catastrophe. D’un côté, une Gwen nymphomane en butte à un père souvent absent (car marin) mais autoritaire. De l’autre, une Lise renfermée, s’exprimant essentiellement par le biais de l’écriture. Ces créatures pubères en pleine révolte (corporelle pour Gwen, intérieure pour Lise) manquent singulièrement d’humanité pour susciter le moindre intérêt. Condamnées à réciter des dialogues archi-convenus sur fond de rébellion débile (du genre « si on m’aime pas, ben j’vais pêcher du poisson, na ! »), les deux actrices ont du mal à convaincre. Surtout la blonde Isild Le Besco, annoncée comme l’une des révélations du cinéma français depuis ses rôles dans La Puce et dans Sade, mais qui, ici, ne parvient qu’à produire des petits cris de pétasse en chaleur à qui on foutrait bien trois claques. Si Karen Alyx s’en sort mieux, Lise n’en demeure pas moins distante, voire antipathique, tant l’auteur cherche à planter ses personnages dans des situations scabreuses, où le malaise s’installe autant pour eux que pour le spectateur, comme c’est souvent le cas chez les femmes du 7e art (Breillat, Labrune ou encore Anne Villacèque et son odieux Petite chérie). Après une dernière geste cruelle et gratuite, il ne manquait plus qu’une image pour achever ce film stérile : Lise courant vers un ailleurs mystérieux, éternel plan de fuite, ultime recours des cinéastes sans personnalité.