Drôle de bidule que cette petite parodie de film d’horreur perdue dans une galaxie de la ringardise gauloise où séjournent Les Charlots contre Dracula, Frankenstein 90 ou Dracula père et fils. Beaucoup plus sympathique que les atroces Morsures de l’aube d’Antoine de Caunes, Les Dents de la nuit marque d’abord par son humilité à peine télévisuelle, une étroitesse burlesque qui part sur des bases si riquiqui que tout devient susceptible de s’améliorer en cours de film. Pitch : une poignée de teufeurs passés maîtres dans l’art de l’incruste se retrouvent par hasard dans une soirée méga hype. Problème : les pieds nickelés découvrent bientôt qu’ils ne sont là que pour servir de buffet à une démentielle orgie de vampires. On flotte entre blagues d’internat (niveau CM2) et jeux de mots dignes de Corbier dans le Club Dorothée, les scènes s’empilant selon une logique imparable : partir de tellement rien, placer le niveau si bas que la moindre séquence « écrite » (exemple : un vampire pétant comme un fou en sortant des toilettes) semble toucher au génie et passe pour un sommet d’élaboration burlesque.
Si la parodie est le royaume du second degré, Les Dents de la nuit peine à s’approcher du premier, titubant plutôt autour d’un inédit ½ degré : pas tout à fait du cinéma (un work-in-progress à peine plus élaboré qu’un sketch de Roland Magdane), juste un machin aberrant et vague – le making of d’un film qui n’existerait pas. Effet sympa, cette impression de regarder un bêtisier de scènes ratées annule la distance naturelle qui sépare le spectateur des comédiens qui s’y convulsent laborieusement. L’expérience est impitoyable : certains y rayonnent dans toute leur nullité (Vincent Desagnat, aussi à l’aise que dans un clip de Michael Youn, bien dans son jus, Hélène de Fougerolles, bimbo officielle du cinéma de viandard depuis Le Raid), d’autres tentent de s’en extirper en cabotinant dans le vide (Karmann, Karyo…). Mais c’est à Frédérique Bel que revient la seule touche de légèreté du film. Précise sans être dupe, faussement gauche, la comédienne dégage un charme très spirituel qui n’appartient qu’à elle, flottant l’air de rien au dessus de la mêlée en un délicieux mélange de malice et de gêne. De quoi éclipser les autres dans les grandes largeurs et laisser espérer à notre blonde préférée des lendemains plus chantants, en bien meilleure compagnie.