Maverick et Iceman, nouvelles recrues de l’US Navy sont de vraies têtes brûlées. Ils feront leurs preuves et deviendront des pilotes émérites après quelques déconvenues et une mission périlleuse. Quoi, un remake français de Top gun ? Même scénario, ou presque, même mise en scène pompière, et surtout mêmes airs d’opération de communication de l’armée de l’air déguisée en film grand public. Quelque chose laisse pourtant penser que les mômes d’aujourd’hui ne vont pas être nombreux à se presser aux bureaux de recrutement de Michèle Alliot-Marie après avoir vu Les Chevaliers du ciel. Sans doute parce que ce film souffre d’un syndrome de la fausse bonne idée -dit « Syndrome Michel Vaillant » depuis le colossal bide de la production Besson éponyme, voulant qu’un film tiré d’un patrimoine culturel puisse être fédérateur. En l’occurrence, ici, une série télé et une BD aujourd’hui connue seulement des plus de cinquante ans, donc a priori très loin du public adolescent qui fait, dit-on, le gros des entrées.
Et puis surtout, Les Chevaliers du ciel version 2005 ont plus à voir avec Taxi qu’avec le support originel. Via la présence de Gérard Pirès à la réalisation, mais aussi par le ton général du film : cette absence absolue de matière à jouer pour les comédiens se dépatouillant comme ils peuvent de dialogues atterrants, cette inconséquence de scénario ou son aspect antidaté, de sa misogynie aux méchants de service, des terroristes arabes que même Kadhafi trouverait caricaturaux. Sans compter la part de marketing au bord du mercantilisme (l’apport de l’Armée de l’air en appareils et pilotes a permis au film de ne coûter « que » 20 M€ et garanti une couverture télé maximale depuis six mois). Si l’on peut malgré tout pousser des « oh » et des « ah » devant des scènes aériennes ultra-spectaculaires, comment ne pas penser, lorsqu’on apprend que chaque avion prêté était équipé de cinq caméras les filmant sous tous les angles, que c’est le minimum syndical d’un film ne reprenant finalement rien moins que les techniques utilisées par Jacques Séguéla dans les années 80. Vous vous souvenez du spot pour une bagnole propulsée d’un porte-avion pour atterrir sur un sous-marin ? Les Chevaliers du ciel est du même acabit, une superproduction publicitaire qui ne passe qu’un seul mur du son, celui du 5.1 des home cinéma ou d’une B.O. dont certains morceaux seront peut-être repris par la prochaine promotion de la Star Ac’. Un attrape-couillon absolu, à moins de vouloir participer de sa poche à cette ode au Mirage 2000, en finançant l’Armée de l’air…