Réalisateur des Blancs ne savent pas sauter et de Tin cup, Ron Shelton persiste dans la fiction sportive avec un film où deux stars se partagent la vedette sur le ring. Vincent Bourdeau (Woody Harrelson, baraqué) et Cesar Domingez (Antonio Banderas, plus cabotin que jamais) sont deux boxeurs dont les minutes de gloire ont été écourtées par de malencontreux incidents lors de matchs d’importance : l’un a été victime d’une erreur d’arbitrage, l’autre n’a pas réussi à se relever à temps. Leurs carrières respectives sont au point mort depuis longtemps et cela les a rapprochés. Ils sont appelés par un entraîneur pour un remplacement à Las Vegas. Ils acceptent mais doivent se faire à l’idée de leur rivalité sur le ring, une victoire étant pour chacun une chance de redorer son blason…
Ecrit et réalisé par un spécialiste en la matière, le film manque de fantaisie mais dénote une certaine intelligence du problème traité : l’exploit sportif, la volonté de vaincre sont l’aboutissement d’un doute sur la puissance du mâle, et l’esprit de compétition n’est que l’apanage du manque de confiance en soi. Cette distance avec le sujet est appréciable, puisqu’elle relativise le conflit en lui donnant, tout au long du film, l’aspect d’un perpétuel match nul, évitant le pensum manichéen qui encombre souvent ce genre de scénario. Mais le tout ne fonctionne pas pour autant, car Shelton se repose sur de bien faibles trouvailles pour peindre ce combat de vieux coqs : ils aiment la même femme (Lolita Davidovich), qui les aime tous deux en retour et encourage chacun en secret. Cela fait sourire un moment, mais devient ensuite banal et systématique. Malgré l’apparition sulfureuse de Lucy Liu (la perverse Ling Woo d’Ally Mc Beal) et celle de Robert Wagner, les acteurs, frais et dispos au début, s’épuisent en cabotinages de toutes sortes et l’on est finalement contents qu’ils arrêtent de jouer pour se démolir pendant la séquence (interminable) du match. On en sort un peu courbaturé de la rétine, sans pour autant avoir vu grand-chose…