Après La Maison de l’horreur et 13 fantômes, Le Vaisseau de l’angoisse est la nouvelle pièce d’une sorte de collection initiée par Robert Zemeckis et Joel Silver, dont le but avoué est de produire à la chaîne des séries B horrifiques apparemment dénuées de tout cynisme. Apparemment, car 13 fantômes, dont le coupable n’était autre que le même Steve Beck que celui qui nous intéresse présentement, fondait dans une triste mélasse boutonneuse sacrifiant le matériau originel (un classique de l’horreur des années 60) sur l’autel de la crétinerie industrialisée. Le Vaisseau de l’angoisse, guère plus inspiré, tente pourtant de travailler avec plus de profondeur sa matière vive en modelant les motifs de l’épouvante au gré d’expérimentations vaguement esthétisantes. L’ineptie et la laideur l’emportent tout de même, haut la main.
Flash-back : dans les années 60, un luxueux paquebot italien disparaît mystérieusement au milieu de l’océan. A bord, tous les passagers, à l’exception d’une petite fille, sont morts, coupés en mille morceaux par une force surnaturelle que l’on suppose méchamment maléfique. De nos jours, une équipe de renfloueurs d’épaves est contactée par un pilote qui les invite à récupérer un navire abandonné, dans lequel se produisent des phénomènes hautement flippants. Un vaisseau fantôme, des ectoplasmes plus ou moins amicaux : Steve Beck confirme son statut de pâle tâcheron de la ghost-story en milieu clos, déployant un arsenal besogneux et dépourvu d’imagination, une grammaire de cinéma anorexique et un goût pour une métaphysique fumeuse et rock’n roll. Les quelques tentatives de sophistication du réalisateur (redonner chair aux fantômes, le temps d’un aller-retour dans le passé) se noient lamentablement dans les eaux vaseuses d’un film qui semble, au fond, n’attendre que la crétine révélation finale et les envolées lyrico-puériles d’une bande originale rock & ado. Il y a, dans les fondements d’un tel projet, une tentative bâtarde de réconciliation entre un motif classique et dépouillé (le cache-cache avec des fantômes dans un lieu hostile) et des pulsions jeunistes lorgnant moins vers un esprit potache de seconde zone que vers une condescendance un brin arty, malgré un talent sans commune mesure avec le résultat escompté. C’est toujours moins pire que l’opportunisme ricanant, mais pour le frisson maritime on attendra avec profit le bon Below de David Twowhy, à venir en février, infiniment supérieur à ce produit sans âme et sans saveur.