Antonio Banderas est en passe de devenir le Depardieu espagnol : atteint d’une pathologique boulimie de cinéma, l’acteur enchaîne les rôles les plus divers au sein de productions aussi chiantes que boursouflées. Du torréfacteur plein aux as (Péché originel) à Zorro (Le Masque de Zorro), de l’espion vieillissant (Spy kids) à Juan Peron (Evita), Antonio bouffe à tous les râteliers et nous fait oublier qu’il fut autrefois un acteur convaincant -voir ses premiers films sous la direction d’Almodovar. Nouveau chapitre de sa médiocre carrière hollywoodienne (en attendant un sursaut grâce au prochain De Palma ?), Le Tombeau travestit le sex-symbol ibérique… en jésuite ! Dépêché par le Vatican et moulé dans sa soutane préférée, le père Antonio débarque à Jérusalem. Sa mission : enquêter sur la découverte d’une jeune et jolie archéologue israélienne (jouée bien sûr par une Américaine, Olivia Williams) convaincue d’avoir déniché le squelette du Christ. Scandale chez Jean-Paul II qui, grâce à Antonio, compte bien mettre fin à ces rumeurs incongrues et blasphématoires.
S’ensuit une épopée laborieuse à base de conflits israélo-palestiniens, de jargon théologique, de questionnements métaphysiques, et, bien sûr de romance avortée pour cause de vœu de chasteté. Bon prétendant au titre du film d’aventures le plus ennuyeux jamais réalisé, Le Tombeau aborde avec un sérieux désarmant un sujet passablement fantaisiste : que se passerait-il aujourd’hui si l’on authentifiait les ossements de Jésus ? Disparition de la chrétienté ? Triomphe d’autres religions monothéistes ? Anarchie totale de certains peuples délivrés de toute croyance et, a fortiori, de l’angoisse du péché ? Jonas McCord ne va jamais au bout de ces hypothèses et se concentre sur les plombantes palabres de ses héros, ou, au mieux, sur quelques explosions tout juste bonnes à réveiller un spectateur assommé par tant de mollesse.