A force de dépérir, les carrières américaines de Jet Li et Jackie Chan sont entrées dans leur phase terminale : l’un avec La Momie 3, l’autre avec Rush hour 3 ont liquidé ce qu’il leur restait d’aura sur les terres de l’Oncle Sam. La pantalonnade se poursuit cette semaine – et en choeur cette fois – avec Le Royaume interdit de Rob « Stuart Little » Minkoff. Réunis à l’écran pour la première fois de leur carrière, les deux icônes du kung-fu s’y affrontent au jeu du plus con et vendangent une rencontre longtemps fantasmée. Basée sur la légende du roi singe, Le Royaume interdit met en scène un jeune New-Yorkais fan d’arts martiaux mais trop couard pour corriger une bande de loubards. Jusqu’au jour où un bâton magique le projette aux confins de la Chine médiévale, vers un destin insoupçonné.
S’il fait mine d’honorer les maîtres du genre (King Hu et Tsui Hark en tête), Le Royaume interdit louvoie d’avantage entre Karaté Kid et Le Chevalier black. Des références irrémissibles que toutes les pirouettes et passes d’armes du film – même chorégraphiées par Yuen Wo Ping – ne peuvent faire oublier. Tout navre. De la photo criarde à l’humour scato, du jeu outré au montage hach(i)é, Minkoff confond enfantin et infantile et noie le tout dans l’opportunisme mercantile. L’unique argument de vente ? Ses têtes d’affiche vieillissantes. Une pharmacopée qui sauve le film du mouroir des direct-to-video, mais le fige dans un système stérile et ennuyeux, loin du feu d’artifice attendu. Comme un symbole, les deux stars se donnent a minima, plus volontaires dans la déconne sous acides que virtuoses dans les fights. On ne peut d’ailleurs réprimer un plaisir malsain à voir ces deux-là cachetonner de la sorte, comme s’ils étaient prêts à toutes les extrémités pour perdurer sur le nouveau continent. Les cinéphages pervers et autres nanardophiles seront sans doute les seuls à se réjouir du résultat : dans Le Royaume interdit, on voit même Jet Li pisser dans la bouche de Jackie Chan. Sic.