Les comédies françaises exotiques sont toujours un peu des documentaires sur les acteurs en vacances. Quand le film sort, le bronzage est tombé, mais sur les plateaux de télé où l’équipe vient se rappeler la franche rigolade passée, la remarque du présentateur en panne d’inspiration est toujours la même : « On a le sentiment que vous vous êtes bien amusés. » Le mot semble flatter les acteurs qui en rajoutent alors sur « le bonheur » de travailler à faire rire, surtout « avec des gens qu’on aime », surtout dans la bonne humeur. La grande famille du cinéma propose parfois aux téléspectateurs chanceux quelques moments volés sur le plateau : c’est la soirée diapo, c’est le fameux « making-of », quand on voit les « stars » blaguer entre elles et entre les prises. Magie du cinéma. Petits que nous sommes.
« On a le sentiment que vous vous êtes bien amusés. » Le présentateur a raison ; mais il devrait préciser « à nos dépens » ; et c’est la faillite de bien des comédies françaises : ce rire et cette énergie à nos dépens. Comme si le film jouait en notre absence, comme s’il riait de nous voir si assis, si mous dans nos fauteuils, tellement persuadé qu’on se fera une joie de sourire un peu. Au milieu d’une séance des Couloirs du temps (Les Visiteurs 2), je me souviens de la mine consternée, sur l’écran, d’un figurant-gendarme médusé par le côté « attrape-nigaud » du jeu de Christian Clavier. Ce n’était pas Jacquouille qui sidérait ce futur spectateur, mais Clavier et son jeu en roue libre. A la fin de la scène, le képi du gendarme se soulevait. C’était le gag. Dans Le Prince du Pacifique, on ne cesse pas d’être agacé par les gimmicks archi-prévisibles de Lhermitte, les rouspéteries bonhommes de Timsit. Rien ne fait mouche et ça n’en finit plus. On ne se sent pas invité.
On connaît le mot de machin : « C’est plus difficile de faire rire que de faire pleurer. » On ajoutera que ne pas faire rire est le plus facile de tout. Il suffit de reprendre la recette du « un tiers cascade, un tiers répliques, un tiers beau paysage » et de la mitonner sur un arrière-fond d’Histoire de France, vieille passion hexagonale. Ne gâchons pas la surprise de découvrir par vous-même l’histoire du film à laquelle sont créditées sept personnes au générique (dur, dur !). Sachez seulement que les Indiens du Pacifique y sont traités comme des sujets de plaisanteries (« Rire de tout… » autre mot de machin) et que la fin ressemble à celle de Titanic. Quant à la forme du film, elle tient de Fort Boyard et des « chasses aux trésors » des années 1980. Cette ânerie de Noël ne vaut pas le déplacement.