Les charmes de Un Certain regard, la sélection cannoise qui a montré Bienvenue en Suisse, Zim & Co et autres merveilles (mais aussi quelques bons films, certes). Atterri on ne sait comment sur la Croisette en 2006, le film star du cinéma australien (une sélection à Cognac et trois Australian Awards, s’il vous plait) arrive on ne sait pourquoi dans nos salles. Ca brûle, vous dit le titre. Le Feu sous la peau s’essaie en effet à tracer le portrait d’une Lolita de lotissement, et comment elle rend dingue les mauvais garçons plus ou moins abrutis de son voisinage, et comment elle rend folles les autorités (flics, papa, etc.), et comment elle prétend être maman avec tout ce raffut, et comment elle est rebelle, écorchée vive, etc. De la mauvaise influence d’une garce sur une banlieue sans histoire.
Non seulement le scénario est nul et inintéressant au possible (on n’arrive pas, et très vite on n’a pas envie de s’attacher à cette petite frappe en jupette), mais surtout il fait son malin avec la pire des fausses bonnes idées : au caméscope sont enregistrés les commentaires des protagonistes de l’histoire, qui après coup en retrace les grandes lignes. Procédé archi simplet et qui vous ôte toute envie d’entrer dans l’histoire, procédé asséné non pas une fois ou deux, par-ci ou par-là, mais tout au long du film, sans arrêt. Si bien que le film au moins vous fout la paix : il fait le boulot à votre place, vous explique ce qu’il faut penser de l’histoire, du personnage, etc.
Livré avec son commentaire en kit, Le Feu sous la peau se résume par ailleurs à l’interminable feuilleton des méfaits de son personnage, maléfique certes (on l’a compris au bout du premier quart d’heure), mais aussi victime de sa biographie injuste (maman partie, frérot en prison). Tourné souvent à l’épaule, par facilité, tapissé de rock et voulu rock, le film ne part nulle part et ne mène à rien. Il faut bien s’occuper de ses enfants, c’est entendu. Il n’est pas interdit non plus, dans un film, de s’occuper de narration, de personnages et de mise en scène.