Risoli ? Bouvard ? Candeloro ? Mais qui donc est le mystérieux Philippe de la phrase-clé, répétée en chanson une quarantaine de fois depuis Les Parisiens, premier volet de la trilogie fantôme de Claude Lelouch ? Qui est Philippe dans : « Le bonheur, c’est mieux que la vie / C’est pas moi, c’est Philippe qui le dit » ? Le Courage d’aimer, hélas, n’y répond pas. A quoi répond-il alors ? A l’opération sauve qui peut (la vie) de Lelouch, le Cloclo du cinéma français qui s’est bien emberlificoté les crayons avec sa trilogie pathético-mégalomaniaque. Rappel des faits : il y a moins d’un an sortaient Les Parisiens, ratatouille drolatique, l’un des pires -donc des meilleurs- films de son auteur. La promo se fait à coups de massue mais, scandale pas vraiment surprenant, la critique ne suit pas et s’aperçoit -la salope- que la bêtise du film atteint des profondeurs inaccessible aux foreuses des champs de pétrole de la mer du Nord. Pire, le public -quel ingrat- s’en aperçoit aussi, et regarde le film comme on surveille, du coin de l’oeil, son petit cousin neuneu barbotant dans le bac à sable. Claude Lelouch est énervé, car il pense avoir fait un chef-d’oeuvre. Claude Lelouch en veut à tout le monde, refuse que ça se passe comme ça, critique la critique (même s’il sait parfaitement que la presse écrite a mille fois moins d’impact qu’une promo télé carabinée). Claude Lelouch se paye un téléthon sous la forme d’une séance gratuite offerte à qui veut entendre Michel Leeb et Arielle Dombasle disserter sur les pizzas. Mais rien n’y fait, Les Parisiens demeure un bide.
Résultat : nous voilà privés, nous son public, de la trilogie, qui tombe à l’eau. Mais pour se renflouer, restent les soldes, et ce Courage d’aimer, moins un film qu’un montage de chutes, un recyclage de bobines issues des Parisiens et du Bonheur, c’est mieux que la vie (on ne s’en lasse pas), le deuxième volet de la trilogie, tourné quand sortait le premier. Si vous êtes masochiste ou étourdi au point de vous tromper de salles, et si vous restez éveillé devant Le Courage d’aimer, vous ne rêvez pas : on est bien en juin 2005, et si vous avez l’impression d’avoir déjà vu ce film, c’est normal. Balancer sur les écrans un film pour moitié composé d’images extraites d’un film sorti il y a moins d’un an, c’est la grande classe. Mais ça permet de faire rentrer un peu d’argent à moindre frais. Pour le reste, puisque c’est le même film qu’on essaie une nouvelle fois de vous vendre à vous et à nous qui, nuls que nous sommes tous, n’avons pas saisi sa grandeur, on vous renvoie à ce qui s’était dit à propos des Parisiens : en résumé, disons qu’on aurait seulement pitié de tout cela si Lelouch ne jouait pas au génie incompris.