Marc Esposito poursuit sa route avec originalité : après le superbe Le Coeur des hommes, voici l’éclatant et génial Le Coeur des hommes 2. Et déjà cette question entêtante : le quatuor Darmon / Lavoine / Campan / Daroussin est-il lancé sur une trajectoire à la Freddy Krueger ou à la Jason ? La manière dont le cinéaste et ex-critique nous refourgue un film presque décalqué sur le premier le laisse imaginer, Esposito ayant apparemment intégré le principe de la séquelle avec une intelligence rare. Esthétiquement, le film ne paye évidemment pas de mine (bon coup pour assurer une certaine stabilité esthétique à la franchise, même si Esposito devait un jour laisser sa place à un autre réa de son calibre – Campan ? – pour un Coeur des hommes 5 ou 6). L’essentiel se limite donc à des plans fonctionnels rehaussés de couleurs pétantes et rythmés par une série de tubes sucrés salés sortant mécaniquement d’un juke-box. Ce beau pragmatisme, loin de nuire au film, lui donne ce côté sympatoche des oeuvrettes réalisées sans la moindre ambition artistique : du pur, du vrai ciné d’exploitation à l’ancienne, en somme.
Plus encore, le fait de tout faire reposer sur les qualités d’acteurs rompus à leurs personnages et muselés par les bons mots téléphonés (chacun est presque parfait dans son registre de ventriloque de lui-même) est une idée qui tient la route : du peps, de la chaleur et de la complicité à peu de frais, et cette tranquille assurance de ne pas se frotter à tout ce qui fait tant de mal au cinéma – l’impro, l’accident, l’enfer de l’inattendu. Et pour clore ce programme formidable, une idée de génie qui retourne l’extraordinaire concept du film (recycler tout ce qu’on peut sans le moindre effort) comme un gant : annoncer à la presse, gentiment, de ne surtout rien raconter du Coeur des hommes 2 avant que les spectateurs ne le découvrent. Pourquoi se donner tant de mal, en effet, quand tous ceux qui ont vu le premier épisode en connaîtront déjà le moindre rebondissement sur le bout des doigts. On ne racontera donc pas le film, mais on dévoilera quand même la fin pour se venger : ça se termine super bien.