Le Centre du monde, un titre en hommage à L’Origine du monde de Courbet ? Probablement, étant donné la prétention de cet essai arty qui se voudrait une réflexion sur le statut de la femme, son rapport à la sexualité machiste et au devenir objet qui la menace. Vaste programme, quasi militant, pour un film qui carbure à l’économie de moyens : une chambre d’hôtel comme décor principal, deux acteurs ou presque et une caméra DV pour enregistrer le tout. Entre Richard, prince richissime du Net business, et Florence, strip-teaseuse à qui celui-ci propose 10 000 dollars pour l’exciter trois jours durant dans un hôtel (sans coucher), on pouvait s’attendre à un huis clos violent, un dialogue jusqu’au-boutiste. Mais Wayne Wang et ses scénaristes (dont Paul Auster, compagnon d’infortune du cinéaste depuis le surestimé Smoke) n’ont rien à dire, ni à montrer.
En guise de discours, une seule image assez frappante qui résume peut-être les ambitions premières des auteurs : Florence, étendue sur le sol et subissant, inexpressive, les coups de hanche de son partenaire après qu’il l’a convaincue de la sauter. On comprend alors ce que le film aurait pu être : un exposé figuratif sur la morbidité de la jouissance, un vrai projet sur le malaise sexuel. Au final, Le Centre du monde ressemble à un vulgaire téléfilm érotique de M6 tentant d’échapper au déjà-vu kama-sutresque. Ce qui nous vaut, primo, un glaçon glissé dans le cul de Richard (avec trucage), et secundo, une chupa-chups fourrée dans une vulve anonyme (sans trucage, mais l’espace de deux secondes trop courtes). Maigres consolations pour le pornographe venu chercher de quoi alimenter sa machine à fantasmes. Quant aux autres, ils seront bien vite gagnés par un incommensurable ennui devant les galipettes un peu glauques de ce couple assez sage et surtout très quelconque. Tout comme ce film parfaitement insignifiant.