Dans le landernau des sujets tarte à la crème, il est des pièces montées qui vous collent des indigestions. L’art-qui-imite-la-vie-qui-imite-l’art… et vice-versa, tutti quanti, ad nauseam. Un truc vieux comme le cinéma, comme le théâtre même, que Diastème nous ressert pourtant dans Le Bruit des gens autour. Chronique ordinaire d’un festival d’Avignon, le film suit le quotidien de cinq ou six personnages, artistes, technicien, scénariste et spectatrice, tous contaminés par leur art jusque dans leur propre vie. A moins que ce ne soit l’inverse donc… Gaffe au vertige.
La suite n’est que logique programmatique qui oscille indistinctement entre film-choral et oeuvre-concept (attention caution arty : Honoré co-scénarise), mais multiplie les écueils à force de maniérisme bon teint. Quand la mise en abyme ne vire pas à la battologie, c’est le propos qui se délite, la structure qui vacille, l’ennui qui s’invite. Le pire dans cet objet aussi sincère qu’inconséquent restant le ton, ce trait fantaisiste et paradoxalement petit-bourgeois que l’on croyait à peu près circonscrit aux bidules toqués de Jeanne Labrune. Même le festival d’Avignon, que Diastème connaît bien pour l’avoir longtemps fréquenté, paraît étriqué, comme réduit au triste rang de carte postale. Format 10×15.
A vrai dire, on peine sérieusement à discerner l’horizon de ce cinéma-là. Que reste-t-il une fois évacué le salmigondis d’intentions floues ? Les acteurs ? Entre les métaphores vaseuses et les considérations existentielles, ils font ce qu’ils peuvent ; comprenez pas grand-chose. Ils s’engueulent, se séparent, baisent ou boivent dans des numéros plus théâtreux que théâtraux. Alors ? Alors on rêvasse, on parie. Frédéric Andreau cochonnera-t-il toutes ses scènes de cuite (oui) ? Le gay de service finira-t-il en travesti (oui) ? Les tétons d’Emma de Caunes vont-ils percer son t-shirt (non) ? Et tout ce petit monde de brailler, de chialer, de brasser pour se réunir, comédie chorale oblige, dans une dernière séquence paroxystique. C’est là, sous une pluie diluvienne en forme d’ablution, que tous soliloquent de concert, que la sentence tombe, beuglée par un personnage parfaitement extatique : « Mais l’humanité, c’est nous ! » (sic) Il a raison Diastème : les gens autour font beaucoup de bruit… Pour rien, hélas.