Le Bossu, c’est d’abord un grand film d’aventure costumé, comme le cinéma français a la bonne habitude d’en produire régulièrement. On se souvient du gros succès obtenu par Cyrano et nul doute que ce Bossu version 1997, réalisé par Philippe de Broca, devrait connaître le même sort auprès du public. Cette belle histoire comporte en effet tout les ingrédients essentiels qui font le grand cinéma populaire : amour, héroïsme, vengeance, cruauté et amitié. Et pour ceux qui ignorent l’origine du célèbre « Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi ! », rappelons-leur seulement que cette phrase fut prononcée par le Chevalier de Lagardère (Daniel Auteuil) après l’assassinat de son maître, le Duc de Nevers (Vincent Perez) par son intriguant cousin, Gonzagues (Fabrice Luchini, excellent ).
De ce point de départ, Philippe de Broca tire une première partie de film époustouflante, retrouvant la veine et le rythme de sa grande époque (L’Homme de Rio, Cartouche ), avec un Daniel Auteuil et un Vincent Perez bien campés dans leurs doublures historiques. Et l’on suit avec un grand plaisir les pérégrinations cape et d’épesques des deux héros, puis du valeureux Lagardère resté seul avec pour tout bagage, Aurore, la jeune fille de son défunt maître.
La deuxième partie du film, dans le Paris boursicoteur de la Régence est elle, beaucoup moins convaincante. Peut-être parce que De Broca a trop simplifié les relations ambigües entre Lagardère et Aurore (Marie Gillain, pétillante) et qu’il n’a pas exploité à fond toute les ressources scénaristiques offertes par le personnage du Bossu. L’intensité en souffre beaucoup et l’histoire se poursuit alors gentiment jusqu’au happy-end de rigueur. Ce petit manque d’audace n’enlève en rien les nombreux mérites du film, parmi lesquels le jeu des acteurs et les décors qui se taillent la part du roi. Alors, ne boudons pas notre plaisir, et puis avouons que ce Bossu là remplace allègrement la précédente version d’André Hunnebelle qui datait elle… de 1959.