La dernière des Nuls s’essaie à la mise en scène. Si Alain Chabat est devenu un cinéaste assez intéressant, si Dominique Farrugia, lui, est définitivement mauvais, Chantal Lauby s’inscrit d’emblée dans un registre en demi-teinte qui lui va plutôt bien. Laisse tes mains sur mes hanches est une comédie de l’entre-deux, comme l’indique son sous-titre (« du cinéma romantique mais rigolo »), où se mêlent romance un peu niaise et bouffonneries réjouissantes, réflexion légère sur l’âge qui avance -la quarantaine, un entre-deux âges justement- et la nostalgie des soirées Adamo entre copines quadras. De la savoureuse scène d’ouverture (une tergiversation de vocabulaire entre « grosse pouff’ » et « pétasse » au cours d’une répétition de théâtre avec Chabat en metteur en scène), il émane un parfum réjouissant et fédérateur, et l’on sent vite que le film, loin d’être parfait, n’appartient pas à ces atroces comédies franchouillardes qui polluent nos cervelles, qu’il n’est pas notre ennemi.
Odile, une cousine -peut-être- de son homonyme de La Cité de la peur, est une comédienne de 42 ans atteinte par le syndrome de la quarantaine doucement déprimante : de jolies petites rides naissantes, une grande fille de 18 ans qui abandonne le nid familial, un célibat un peu pesant. Heureusement il reste les copines, et les chansons d’Adamo. Et puis un beau jour, Odile croise sur sa route Kader, un forain en blouson noir et grosse moto… Plutôt bien tenu au niveau de la réalisation et de l’image, le film s’alourdit sensiblement dès qu’il traîne autour de la fête foraine, se baignant un peu complaisamment dans l’imagerie Barbapapa du manège et des forains aventureux au regard sombre. Pour le reste, outre quelques passages obligés (la caricature pénible de la folle, les caméos d’usage, parmi lesquels Stéphane Bern en haltérophile pétomane) et des difficultés à tenir le rythme, la comédie tient la route, avec des réminiscences de Nuls, un propos assez juste sur le personnage principal, quelques belles idées de comique de langage, un équilibre, de brefs instants de grâce : c’est très bien, on n’en demandait pas plus.