(…) « un changement important fait que je serai bientôt avec toi, à Sokolo : le désir de filmer Sokolo, la vie, la vie sur terre, le désir aussi de partir… d’autant que d’ici peu nous serons à l’an 2000 et que rien n’aura changé pour le meilleur, tu le sais mieux que moi » (…). C’est par ces quelques mots extraits d’une lettre du cinéaste à son père que débute La Vie sur Terre. Conçu dans le cadre de la série « 2000 vu par… », le film se situe constamment à la périphérie du projet coproduit par Haut et Court et la Sept/Arte. Point de vision millénariste catastrophée, ni de changement brutal à l’annonce du passage à l’an 2000. Le cinéaste rejette toute la charge symbolique que les Occidentaux friands d’évolution et de progrès permanents veulent bien conférer à cette date tant attendue. Son parti-pris est, au contraire, celui de la vie qui continue : aucun changement dans ce petit village malien, excepté celui du calendrier.
Le cinéaste parcourt Sokolo à vélo et nous fait ainsi partager la vie de son village. Régulièrement nous retrouvons les mêmes situations : l’opérateur qui s’occupe de l’unique téléphone du village et qui tente, le plus souvent de manière infructueuse, de joindre ses correspondants, les villageois qui déplacent leurs sièges sur la place en fonction des mouvements du soleil. L’ensemble du film est ponctué par les interventions de « Radio Sokolo » qui, avec ses lectures des textes d’Aimé Césaire ou ses informations sur les problèmes de récolte, replace le village dans le contexte plus large du continent africain. Rien de particulier donc, si ce n’est tout simplement la vie, des impressions transmises par le cinéaste. Mêlant à la fois le documentaire et la fiction à travers les improvisations des villageois, La Vie sur Terre est un film lumineux, profondément humain, sur l’Afrique d’aujourd’hui et de demain.