A l’image de son anti-héros, La Vie est dure… est un film nonchalant. Pendant une bonne demi-heure, il agace : Charles (Charles Castella) est un personnage mou, pas vraiment loquace, un peu fâché avec le monde, et que l’on a envie de secouer pour qu’il commence à nous intéresser un tant soit peu. En vain : Charles est immuable. Mais, par l’intermédiaire d’un chien qu’il doit garder et promener, Charles va devenir perméable à la ville. D’autant plus qu’il est en quête de l’âme sœur, une mystérieuse jeune femme croisée lors d’un anniversaire et dont il ne possède qu’une photo floue. Là encore, la recherche va être laborieuse car le film aime prendre son temps, rêver quelques secondes (on notera les brefs mais émouvants intermèdes de peinture animée), puis reprendre son cours, toujours sans se presser. Et ce sont ces errances sans véritable enjeu qui finissent par charmer. Par exemple, l’on pourrait croire que le film est avant tout un hommage à la Ville avec son générique sur fond de carte géographique parisienne ; mais la consigne ne sera que partiellement respectée : la capitale et, plus précisément, le vingtième arrondissement, n’apparaîtront que par fragments épars, sans être toujours identifiables. Tout, dans La Vie est dure… est traité de la sorte : avec une sorte de je-m’en foutisme serein et jovial. Mais Castella ne manque pas de talent dans son registre singulier : même en deçà d’une certaine rigueur auteuriste, il parvient à faire surgir de beaux moments de cinéma, à travers notamment une chanson dans une forêt fantasmatique ou une simple errance dans la rue. La rencontre finale vers laquelle tout le récit tendait est ainsi assez représentative de l’aura fragile mais unique et chaleureuse qui entoure le film.
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