A la petite semaine, La Vérité ou presque : rien que par leurs titres, les films de Sam Karmann annoncent leur programme : le vague, le mou, le ronronnant, une gaze imprégnée de bons sentiments et de tournés-boulés boulevardiers condensant tout ce que le film socio-choral à la Française aime et ressasse chaque semaine. Impossible à résumer sans sombrer dans le grotesque – Anne est mariée à Thomas, qui a un faible pour Caroline, la jeune femme de Marc, l’ex-mari d’Anne, elle-même sensible au charme de Vincent, terriblement jalousé par Lucas -, ce gentil nanar a pour lui sa galerie d’acteurs solides et parfois jouissifs (Dussolier, Viard, Cluzet). A son désavantage par contre, un scénario plombé par une sous-intrigue de série Z sponsorisée par Radio Nostalgie (enquête sur une chanteuse de jazz disparue) incrustant d’affreuses séquences de reconstitution du Saint-Germain-des-Prés des sixties en un mix de faux documentaire et de rêverie flétrie.
Pour autant, le film évite le pire : sans le moindre orgueil, ne s’adressant à personne (l’aspect no man’s land provincial du cadre lyonnais), Karmann trottine sur la scène de son petit théâtre autarcique et tranquilou. La banlieue (A la petite semaine), la province indéfinie, la campagne, autant de moyens d’accentuer ce côté gazeux, indéfini, et de ne s’attaquer à rien ni personne. La causticité caoutchouteuse, les bons mots sont d’autant plus inoffensifs qu’ils ne visent aucune cible. On a beau échapper aux traditionnelles horreurs du genre choral (le panel sociologique, la pure logique de classe), rien n’accroche et ne pèse. Tout ici est égal, dans tous les sens du terme : personnages ou acteurs, vérité ou presque, réalisme ou bidonnage intégral. Egal, tout pareil, qu’on sourie ou qu’on baille devant telle séquence plutôt qu’une autre, qu’on oublie ou retienne vaguement pareille fantaisie en toc : bienvenue dans le nulle part du cinéma français, le vanishing point de la comédie ramollo et contente d’elle.