Le romancier à succès William Boyd passe de l’écriture à la réalisation pour la première fois. Il décide ici de rendre hommage à ces aïeux meurtris sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale. En prélude au film, un chiffre : le 1er juillet 1916, premier jour de la bataille de la Somme, 60 000 soldats anglais furent tués ou blessés. Au total, cet affrontement d’artillerie qui dura six jours fit plus de 1,2 million de victimes.
Relatant les quelques jours précédant l’assaut, au sein des tranchées alliées, le film explore les sentiments d’un groupe de jeunes engagés. A peine sortis du giron de leur mère, seulement intéressés par ce qu’ils pourraient découvrir sous les jupes des filles, ceux-ci se trouvent confrontés à la perspective de la mort. Aucune raison au combat n’est évoquée : il faut y aller, c’est tout ! La dernière scène du film est en cela très révélatrice, qui voit le jeune Billy obligé de se lancer vers les lignes ennemies par l’arme que pointe sur lui son propre supérieur. L’absurdité de la guerre est ainsi signifiée, mais l’exercice auquel se prête William Boyd est trop pédagogique pour emporter le spectateur.
Dans un décor très restreint -le film se déroule intégralement dans ces étroits boyaux creusés à main d’hommes-, La Tranchée ne s’éloigne jamais vraiment de la reconstitution historique. La typologie des personnages qui l’habitent est très (trop ?) stricte -méchant, romantique, alcoolique, utopiste se côtoient dans un contexte qui exacerbe les situations. Les affrontements existent. Les tensions se multiplient. Pourtant, tout reste très théâtral. Le calme routinier de la vie est certes interrompu par des scènes de corps disloqués par les obus, mais l’émotion, elle, peine à percer. Comme si aucune motivation n’animait les personnages, marionnettes d’une bataille dont on ne saisit pas les enjeux…