Du rapport du rock-variété au cinéma. Voilà une question qui permet d’aborder de façon appropriée la critique du film La Parenthèse enchantée. On a pu voir récemment ce que donnait un film écrit par celui qui en fait habituellement la musique (The Million dollar Hotel de Wim Wenders, coscénarisé par Bono) et le résultat n’était pas brillant brillant. Voilà maintenant un film réalisé pour servir d’illustration à la programmation radio. Nostalgie !
« I started a joke… », « Ce n’est rien…, tu le sais bien, le temps passe, ce n’est rien… », « désir, reviens-moi désir », « Mais ce n’est qu’une tourterelle, qui s’envole à tire-d’aile… », chaque moment de la vie des protagonistes est rythmé par ces chansons archi-ringardes qui nous font pourtant tortiller du postérieur sur le fauteuil… Dommage alors que les images ne soient pas à l’unisson… Il y a bien la moumoute ridicule de Roschdy Zem mais elle est un peu pâlichonne à côté de celle de la star hippy de la pub actuelle d’un fast-food qu’on évitera de nommer…. Il manque donc un peu d’envergure à cette plongée en pays seventies. Les tenues de Clotilde Coureau, par contre, devraient faire un ravage chez les midinettes de l’an 2000. Ca tombe d’ailleurs plutôt pas mal : tous les créateurs se sont mis cette année à faire des robes au crochet avec dessous assortis !
La Parenthèse enchantée est donc un revival bon ton des années 70 au travers des tribulations érotiques d’un groupe de copains. Si le film est cautionné par des extraits du discours de Simone Veil à l’Assemblée, par des répliques du style « mais relis Engels ! » ou des références au rapport Hite, la question de la libération de la femme n’est traitée que de façon ultra artificielle. Les acteurs, eux, ne sont pas vraiment à la fête dans ce méli-mélo « sentimentalosexuel ». Karin Viard en chieuse professionnelle (cf. Les Randonneurs), Clotilde Coureau en femme libérée aux tenues hypersexy (cf. Le Poulpe), Vincent Elbaz en séducteur de bas étage (cf. La Vérité si je mens !), Géraldine Pailhas en fifille gentille (cf. Les Randonneurs) : Michel Spinosa ne s’est décidément pas cassé la tête pour faire son casting. Seul Roschdy Zem surprend un peu en éjaculateur précoce dont le sex-appeal approche du zéro.
Rayon effets techniques, enfin, Michel Spinosa choisit de coller à l’époque filmée (précepte selon lequel on devrait tourner en noir et blanc tout film précédant l’arrivée des pellicules couleur et interdisant par là même de représenter au cinéma toute période antérieure à 1895…). Dès les premières minutes, en effet, les zooms avant-arrière se succèdent… on croit un moment que le ton va être celui du délire parodique mais Spinosa rentre rapidement dans le rang pour traiter une étude de mœurs soi-disant dissolues (de simples échanges de partenaires en fait). On a quand même vu plus débridé.