Après le succès (injustifié ?) de La Mutante et sa fin restée ouverte, la séquelle était inévitable. Malheureusement, celle ci, on le sent bien, obéit plus aux lois du marketing qu’à la volonté de perpétuer un mythe déjà bien fade et calqué sur celui d’Alien. Néanmoins, force est de constater que le résultat n’est au moins pas décevant, tant le premier volet signé Roger Donaldson était mal rythmé et mal réalisé. Peter Medak, réalisateur plus inspiré de très bons films comme Les Frêres Krays et Roméo is Bleeding, signe ici une commande de qualité toute relative mais qui reste néanmoins nettement supérieure à celle du premier volet. S’il est vrai que l’œuvre de commande l’emporte sur celle d’auteur dans le cas présent, Medak, visiblement plus passionné par le vice que par la platitude moraliste hollywoodienne, nous offre pour héros le personnage mutant du film, l’astronaute Patrick Ross, infecté par un germe mortel et condamné à se transformer. Même si l’impact de cette transformation sur la personnalité de Patrick est considérablement négligé (le personnage est soit schizophrène, soit possédé mais en aucun cas divisé entre deux natures), on constate que ce héros tient la route et qu’il est plus remarquable que cette équipe de savants chargés de le traquer.
Les plus belles scènes du film sont ici les scènes de sexe. Non, je ne suis pas devenu obsédé pendant la nuit, mais si ma tâche est de trouver des points positifs dans cette séquelle académique, c’est là qu’ils se trouvent. C’est en effet pendant l’accouplement que la nature mutante de Patrick se réveille, que la métamorphose s’effectue, déchirant littéralement les corps de ses victimes après les avoir mis en grossesse ultra accélérée. Ces quelques scènes, d’une tension et d’un choc véritable et à la fois d’une certaine beauté esthétique, sont ce que le film a de meilleur à offrir. On pense à David Cronenberg, en particulier à Rage, dans ce rapport étrange qu’ont les personnages principaux au sexe et à la manière dont celui-ci nourrit leur métamorphose.
Mais vous dire que l’intérêt du film se trouve là dedans serait vous mentir. En effet, si la mutante peut plaire, c’est avant tout grâce à son côté série B avouée, à son scénario tordu et improbable et à son manque de classe en général (H.R Giger, créateur de l’Alien de Ridley Scott et de ces deux Mutants voit ici son travail s’autoparodier, ne succitant du spectateur ni du malaise ni du dégoût mais une hilarité confondante ). Les rares qualités de ce film d’horreur (genre sous-estimé), en font finalement un film type d’été.