La Moitié du ciel est le genre de films qui suscite le malaise tant il peine à mettre en forme ses (trop) bonnes intentions. En l’occurrence, raconter le calvaire d’une Française désireuse d’adopter un enfant chinois et, par là même, stigmatiser les aberrations d’un système rigide et xénophobe. Pas très bandant tout ça, d’autant plus que l’aspect documentaire du sujet (a priori le plus intéressant) est passablement occulté au profit d’une fiction bâtarde qui hésite entre récit d’initiation, mélo misérabiliste et film d’horreur à la John Carpenter. Etrange mélange, mais qui prête davantage aux rires consternés qu’aux émotions impromptues. Un peu comme si les défunts Dossiers de l’écran avaient accouché d’une série Z pas croyable où les bébés bridés feraient office de Mc Guffin et les figurants de monstres potentiels.
Les amateurs de cinéma bis seront donc aux anges en suivant le parcours d’Anne (la pauvre Caroline Sihol, également auteur du scénario), quadragénaire dépressive flanquée de Sophie, une gamine à moitié autiste qui communique essentiellement avec « Trouille », son ami imaginaire. Les voilà toutes deux débarquées au pays de Mao avec l’argent économisé pendant des années, dans l’espoir de trouver un petit frère asiatique pour Sophie. Premier coup du sort : l’orphelinat ne peut leur proposer qu’un nourrisson du sexe féminin (car la naissance d’une fille est très mal acceptée par les familles chinoises). Après un moment de déception, le combat peut continuer. Et il s’avère des plus rudes, notamment à cause de Zhao, étudiant extrémiste qui préfère mourir que confier une gosse de la patrie à ces salauds d’Occidentaux. Figure menaçante, Zhao poursuit Anne, lui vole son bébé, trafique avec la pègre et apparaît dans la nuit tel un Michael Myers à deux yens. Heureusement, y a pas que des méchants en Chine, et notre héroïne se retrouve aidée dans sa « mission adoption » par Yen le romantique et Anyi l’acrobate (respectivement très forts pour résister aux intempéries et escalader les murs des orphelinats). Mais les manœuvres de ces X-men au rabais n’empêcheront pas toujours Anne de subir les pires humiliations. Entre autres épreuves, celle-ci échappera de peu à un viol et sera même envoyée en prison, ce qui lui vaudra cette phrase magnifique : « Je sais que je suis une privilégiée, mais n’ai-je pas le droit, moi aussi, de donner un peu d’affection ? » On en pleurerait presque…