Elaboré pour et autour de sa star, le projet de La Fin des temps capote malheureusement dès que celle-ci fait irruption dans le film. Le registre du flic désabusé ne réussit pas à Arnold Schwarzenegger. Utilisé à merveille par James Cameron dans des rôles de quasi-robot, Schwarzie avec son jeu rudimentaire peine à prendre corps et humanité. La plastique du bonhomme y est pour beaucoup : comment les producteurs pensent-ils nous faire gober qu’un être aussi musclé soit un alcoolique notoire ? A l’évidence, la vraisemblance des détails est passée à la trappe afin de construire un personnage humain mais pas trop.
Cette absence de héros charismatique n’est même pas palliée par un scénario convenable. Surfant sur l’hystérie qui accompagne la fin du millénaire, l’auteur situe son histoire durant les trois jours qui précèdent le passage à l’an 2000, et déploie un cortège de lieux communs sur cet événement. Bien sûr, la fin du monde est au programme ! Enfin, à condition que le diable, incarné par le troublant Gabriel Byrne, arrive à féconder l’élue pendant la nuit du 31 décembre. « Dieu merci », intervient Jerrico Cane (Arnold), qui va s’improviser garde du corps de la jeune femme. Avec ses pirouettes scénaristiques douteuses et maladroites, La Fin des temps ne se hisse pas à la hauteur de ses ambitions de thriller à tendance ésotérique. Tout dans l’histoire foire lamentablement, ses coups de théâtre (qui ne nous font trembler que par l’irruption d’une musique tonitruante) comme ses personnages (tellement caricaturaux qu’on jurerait leurs répliques collectées dans d’autres films du genre). Le discours « religieusement » correct ne nous est pas non plus épargné : le héros sauve le monde en combattant le mal par le bien. Seule originalité : faire passer Schwarzenegger pour le nouveau messie, on le crucifie, miracle qui tient de la résurrection, il survit et se sacrifie pour sauver le monde !
Malgré son énorme budget, le cruel manque d’inventivité de La Fin des temps l’apparente plutôt à la catégorie des séries Z. Certes, quelques plans sont passionnants pour les effets plastiques qu’ils créent, mais on peut aisément les compter sur les doigts d’une main. Les emprunts aux autres films fantastiques sont en revanche très nombreux et pourraient même faire l’objet de nombreux remerciements : à L’Exorciste, ce plan sur la tête retournée à 360° et le dénouement (le diable prend le corps du héros qui se suicide), à Alien, la physionomie bien utile de ses monstres, à Seven, les décors et l’ambiance, à Rosemary’s baby, l’argument de départ, etc.
Modèle au patron douteux et aux coutures bien trop voyantes, La Fin des temps n’a pas l’élégance de créer un second degré à partir de ses références et s’applique laborieusement à coller des éléments disparates.