Dix ans après Promis juré, Jacques Monnet vient de réaliser avec La Femme du cosmonaute, son quatrième long métrage, après deux comédies remarquées : Clara et les chics types et Signes extérieurs de richesse. Jacques Monnet a réussi cette comédie, probablement parce qu’il a su prendre le spectateur à contre-pied. Là où nombre de comédies ne font confiance qu’à un comique de situation ou à la finesse de répliques servant les comédiens, La Femme du cosmonaute se révèle bien plus complexe que l’à priori que l’on peut se créer.
Anna (Victoria Abril) se réjouit du départ de son mari cosmonaute (Gérard Lanvin) pour une mission dans l’espace de plusieurs mois. Mais à peine a-t-elle profité de ses premiers moments de liberté, que son époux revient à la maison grâce à un écran vidéo. Ils se trouvent de ce fait obligés de se supporter chaque jour et chaque nuit.
Jacques Monnet a eu l’intelligence de ne pas centrer son film sur la relation atypique de ce couple. Il a ainsi évité la simple description de l’évolution psychologique des deux personnages principaux et le spectateur ne se retrouve pas dans la position privilégiée de témoin de deux êtres arrivant à se détester malgré les milliers de kilomètres de distance. Monnet laisse ce rôle de « voyeur » à deux personnages secondaires qui analysent les changements de comportement, allant jusqu’à parier sur l’éventuel divorce du couple. L’introduction de ces deux rôles autour de l’histoire centrale reste probablement la meilleure idée du film qui multiplie les personnages secondaires : Rossy de Palma sortie tout droit d’un film d’Almodovar, Bernard Verley en chef de mission, Jean-Claude Perrin et Lionel Abelanski « analystes » du comportement du couple. Rajoutons à ces noms celui de Gérard Hernandez dans un rôle comique plus convenu, en psychologue n’avouant jamais ses erreurs d’appréciation.
Malheureusement, ce film porte en lui les défauts des co-productions, que l’on retrouve dans bon nombre de films « européens ». Ainsi, co-financement franco-espagnol oblige, les extérieurs sont tournés dans une ville ibérique : pour un film censé se passer en France, les plaques d’immatriculation espagnoles font un peu désordre. Tout est fait pour donner à Victoria Abril des traits espagnols typiques : une croyance en dieu proche de la superstitution, une amie espagnole (avec qui elle parle tout le long du film en français), une passion pour la musique cubaine… Mais finalement, l’efficacité du scénario l’emporte et peut-être que l’on peut l’attribuer à celui qui y a collaboré et dont le nom n’apparaît qu’à la toute fin du générique : Pierre Salvadori.