Après le remake honorable d’Alexandre Aja, Wes Craven a confié les rênes de sa séquelle au jeune inconnu Martin Weisz : pas de chance, l’écart entre les deux est à peu près le même que celui qui séparait déjà les deux premiers films originaux réalisés par Craven. Passage, donc, d’une admirable série B au nanar pur et dur. La faute, d’abord, à un scénario qui tiendrait sur une feuille de papier Moltonel : un groupe de Marines débulbés se retrouve projeté dans un désert où les collines ont des yeux. Là (attention spoiler) ils se font décimer un à un… Craven a écrit le script, ce qui explique en grande partie le cynisme assez bessonnien de l’entreprise et son côté j’menfoutiste oscillant entre satire sympatoche (le seul aspect qui surpasse peut-être la vision ultra-simpliste d’Aja) et parodie grotesque. On peine à imaginer, à la vision de certaines séquences (un corps surgit de la cuvette des toilettes pour attraper les parties d’un des personnages), que Craven ait pu écrire un tel script ailleurs que dans ses cabinets.
Pour le reste, peu de choses à relever : le mise en scène est d’une efficacité limitée à quelques idées bien exploitées, comme ce labyrinthe de galeries souterraines qui creusent dans le film des profondeurs inédites. Ce passage de la pure et plate littéralité cravennienne (qui faisait la beauté graphique du film d’Aja) à une sorte de train fantôme éclaté à la Tobe Hooper aurait pu être un gage de relance, mais le maigre talent de Weisz en limite drastiquement l’intérêt. Il faut alors s’en remettre au plaisir coupable de la série Z : suite de séquences colorées où l’on passe du gore crasseux au film d’action bis en passant par la comédie ratée, entre The Descent, Aliens et La Septième compagnie. On ne peut reprocher à Weisz un certain dynamisme, et la dernière partie souterraine du film – qui aurait pu virer à l’ennui total – assure toujours à coup de forçages délirants un minimum d’effets. Pas tous réussis, il va sans dire, mais avec au moins cette certitude que Weisz, contrairement à Craven, assume le boulot avec un minimum de croyance en ce qu’il fait.