Querelles de palais dans la Chine médiévale avec reconstitutions fastes et flambées kitchissimes. Après Hero et Le Secret des poignards volants, Zhang Yimou s’affirme une fois de plus comme l’anti-Tsui Hark absolu. Ses images pèsent des quintaux, sa mise en scène ne consistant qu’à surbooster péniblement les mêmes enjeux : filmer le protocole dans ses moindres détails, privilégier l’empilement et le tapage. Mais de folie, de mouvement ou d’émotion, rien ou presque.
La première partie est interminable d’expositions et de troubles tocs. Gong li, épouse d’un roi scélérat (Chow Yun-Fat), avale chaque jour une tisane empoisonnée par son mari, puis se glisse sous la couette de son fils adoptif, lequel finit par lui préférer une servante zélée. Plus tard, Chow Yun-Fat complote sur son bain de siège royal, ses trois fils choisissent leur camp, Gong Li se doute de quelque chose. Zhang Yimou se met alors à tirer les ficelles, histoire de. Ça grince, ça couine, mais ça n’avance pas. Sûrement parce que le cinéaste ne cherche pas tant que ça à raconter quelque chose. L’intérêt de La Cité interdite ne réside nullement dans la contemplation, l’envoûtement ou le drame shakespearien. Tout cela n’est que prétexte festivalier ou raison d’état. Le film préfère largement jouer au film en costume, prendre la pause, et recommencer jusqu’à épuisement.
Il n’y a qu’à se taper la seconde partie pour en attester. Devenu épique, le film se complait dans le déguisement. De vert bouteille à jaune tournesol, il passe par toutes les teintes, le temps que l’éclairagiste change les ampoules. L’intrigue, quand même : chaque protagoniste entraîne la chute de son prochain façon dominos, mouvement freiné par la masse d’effets et d’étoffes. C’est au plus fort des affrontements guerriers que l’on remarque cette quête permanente de molletonage. Comme si la mise en place importait plus que l’action proprement dite, saucissonnée en un plan large et trois ralentis. Prosaïquement, on appelle ça du meublage. Meublage qu’on est en droit de trouver assez vain, assez laid.