Pas de surprise à l’horizon : revoici Elle Woods, sa blondeur, ses tenues excentriques rose bonbon, son chihuahua et ses copines tout aussi blondes, qui après une entrée fracassante à Harvard, reviennent goûter au succès des salles obscures en s’introduisant dans l’austère Sénat de Washington D.C. Ceux qui avaient été enchantés par l’originalité de La Revanche d’une blonde ne seront pas vraiment déçus par cette suite honnête et prévisible. Grâce à quelques morceaux bien enlevés, le film relève le défi de ne presque jamais ennuyer. Quant à Reese Witherspoon, impeccable, elle surmonte avec toujours autant de bonheur la vulgarité inhérente à son personnage.
On n’évitera sans doute pas la fâcheuse comparaison d’avec la screwball comedy, tant cette Blonde contre-attaque s’en réclame à chaque instant. Dans une scène totalement hors de propos, l’héroïne, déboussolée, vient reprendre courage auprès de la célèbre statue d’Abraham Lincoln. La fatale question se pose alors : Elle Woods serait-elle la petite-fille moderne de M. Smith, suivant jusqu’à la caricature les traces de son illustre ancêtre ? Evidemment, en appuyant aussi lourdement sur une éventuelle filiation, le réalisateur met son film en danger. La grandeur de la comédie américaine des années 30 jouait sur un art de l’équilibre (musicalité, sens du rythme et de la répartie) à des années lumière de celle, plus triviale, des années 90. L’objectif de La Blonde contre-attaque n’est que d’exacerber un cliché déjà bien éculé, une blague de potache -les blondes sont toutes des idiotes- en jetant aux orties la moindre trace de finesse ou de sophistication.
Plus douteux encore, le film ne se suffit pas de son statut de simple comédie mais se rêve en radioscopie de la société américaine et de ses tares, flirtant souvent avec un populisme déplaisant. Si faire fi des lois constitutionnelles (qui nient tout réalisme à ce film) est plutôt rafraîchissant, identifier un sénateur membre de la N.R.A, conservateur, républicain, à un simple et gentil bonhomme adorant son chien, ou déclarer qu’un projet de loi « c’est super marrant à écrire » est tout de même à la limite de l’indécence. La Blonde contre-attaque réussit malgré tout à rester un film gentillet, sachant toujours s’arrêter ou rebondir pile poil au bon moment : à l’instant précis où la catastrophe semblait inévitable.