Depuis 1991, la guerre fait rage en Algérie, une sale guerre, qui frappe à tout va. Difficile de s’y retrouver dans ce carnage, de comprendre quand la machine s’est enrayée. En plaçant un journaliste nostalgique au cœur de la tourmente, Alexandre Arcady ne nous aide pas vraiment. Pis même, en refusant d’approfondir la situation actuelle, en choisissant la voie facile du retour en terrain connu (la guerre d’indépendance traitée par Le Coup de sirocco en 1979), il instrumentalise la violence des années 90 pour en faire le décor d’une aventure.
Pierre Nivel est un journaliste parisien à la mode. Notre homme, d’une quarantaine d’années « arrivé », est filmé dans les locaux facilement identifiables de Canal +, tout va bien. Pourtant, il laisse apparaître une faille. Quand un Algérien l’interpelle sur son lieu de travail pour lui transmettre un message, l’appel à l’aide de son amour d’enfance, il décide de retourner en Algérie, en pleine période trouble (1994). Deux ans après l’arrêt du processus électoral, le nombre de victimes est alors difficilement chiffrable : entre 20 000 et 50 000. Mais ce n’est pas à ça que s’intéresse Là-bas… mon pays. Au lieu de se confronter aux questions que pose le conflit algérien, Alexandre Arcady se laisse en effet emporter par un sentimentalisme adolescent : amourette avec la voisine arabe, amitié avec un jeune révolutionnaire, admiration pour une femme-déesse inaccessible… Il multiplie les flash-back vers le souvenir qu’il garde de l’Algérie de ses 17 ans. Arcady, qui l’a quittée au même âge que son héros, a voulu y retourner par son intermédiaire. « Je suis venu me trouver moi… dans ce putain de pays », affirme-t-il d’ailleurs par la voix de Pierre Nivel. Mais les victimes algériennes de cette sale guerre, comme les spectateurs français, étaient en droit d’attendre autre chose que ce pâle voyage intérieur…
Quant à Antoine de Caunes, l’ex-bouffon de la chaîne cryptée, il est le pantin d’un scénario cumulant les irréalismes, et n’est vraiment pas à son aise en quadra sauveur d’Algérienne en danger de mort. Seule Nozha Khouadra réussit à limiter les dégâts, confirmant le talent qu’elle avait déjà montré dans A mort la mort ! de Romain Goupil. En résumé, pour en savoir plus sur l’Algérie, allez voir ailleurs !