Cette première version d’Hitchcock dévoile déjà son talent artistique à combiner l’intrigue, la violence des situations, l’émotion des personnages et les prouesses techniques de son époque. Durant leurs vacances en Suisse, Bob (Leslie Banks), Jill Lawrence (Edna Best) et leur fille Betty vont rencontrer un Français, Louis Bernard (Pierre Fresnay), qui va les impliquer dans un engrenage dramatique dont le point d’orgue sera l’enlèvement de Betty. Le couple anglais, prisonnier entre un chantage menaçant la vie de leur fille et un crime visant le gouvernement britannique, se démènera pour retrouver une vie normale et paisible. L’homme qui en savait trop fut un grand succès public et critique à sa sortie et peut être considéré comme l’un des meilleurs films de la période anglaise d’Hitchcock avec Les 39 marches (1935) et Une femme disparaît (1938). Cette réussite est due à son rythme frénétique, à une violence proche d’Howard Hawks (on pense surtout à Scarface) et à une atmosphère angoissante et réaliste qui se rapproche de celle de Fritz Lang, à qui Hitchcock rend hommage dans le carnage final renvoyant à la fusillade du Docteur Mabuse.
L’homme qui en savait trop surprend et nous tient constamment en haleine. Deux scènes sont particulièrement réussies : l’une quasi-hystérique, où, dans une chapelle, l’impact des balles est remplacé par une volée spectaculaire de chaises et, l’autre, émouvante, d’une femme terrorisée face au crime commis dans une salle de concert (ses larmes deviennent palpables grâce au flou de la caméra). En somme, un film à redécouvrir de toute urgence.
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