A défaut d’être un bon réalisateur, Richard Berry est quelqu’un d’honnête. Conscient d’être un homme tout sauf délicat, il exclut d’emblée cet adjectif de son film en le mettant entre parenthèses. Dommage qu’il se soit arrêté en si bon chemin, les fameux signes typographiques auraient dû s’ouvrir plus tôt et se fermer plus tard car il n’est pas non plus question de séduction et encore moins d’art dans cet univers de bourrins où l’acteur-réalisateur semble parfaitement à l’aise (à tel point qu’il s’y est réservé un rôle de beauf priapique qui lui convient à merveille).
Un titre, donc, partiellement lucide qui dissimule mal le parcours de combattant -où vulgarité et misogynie se disputent la première place du podium- d’un homme obligé d’attendre de longs mois avant que la femme de ses rêves ne daigne passer à la casserole. Cinq mois exactement, voilà le délai établi autoritairement par Laure (Cécile de France) qui veut que la « première fois » soit parfaite. Totalement soumis, le pauvre Etienne (Patrick Timsit) est prêt à subir d’innombrables épreuves pour devenir ultra-performant au lit : musculation, régime, étude du meilleur mouvement de hanches (mathématiques à l’appui, entre les mains de R. Berry même une simple équation devient triviale), etc. Bref, une espèce de « Fort Boyard » du cul avec dans le rôle du père Fourasse une blondasse qui impose en minaudant l’ensemble des règles du jeu : « Je veux qu’il y ait une cheminée. Il ne faut pas dire pénis, c’est vulgaire. Je veux entendre les lames du parquet (on dirait du Cabrel) craquer sous mes pieds nus… »
Pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris, Richard Berry a voulu faire une comédie moderne sur les relations amoureuses, sur ces hommes un peu paumés face à des femmes qui font preuve de plus en plus d’indépendance et d’assurance. Mais à partir de ce constat à la Cosmo, il réalise un film d’une rare misogynie. Pour lui la nouvelle Eve est forcément tyrannique, capricieuse ou tout simplement lesbienne (voir les brèves apparitions d’une Ludmilla Mikaël aux accessoires saphiques comme on n’en a plus vus depuis les années folles : cigarillo et costard cravate). Et, faute de passer à l’acte, les personnages en sont réduits à en parler d’où les dialogues d’une rare vulgarité. On atteint des sommets lorsque Patrick Timsit s’adresse directement à son popaul temporairement défaillant.
Que Patrick Braoudé se rassure, ses traversées de la franchouillardise ne se feront désormais plus en solitaire ; il s’est trouvé un compagnon de route en la personne de Richard Berry.