Petit film sans grande envergure ni prétentions, Kissed restera néanmoins quelque part dans la mémoire du spectateur par l’originalité de son sujet -la nécrophilie- et son traitement particulier. Aucun regard accusateur en effet, ni même horrifié, n’est porté sur la relation entre l’héroïne adepte de la chose et les morts.
En fait, la réalisation tend plus à nous montrer que ce n’est pas tant pour satisfaire ses désirs sexuels que pour accroître sa connaissance de la mort que la jeune fille s’adonne à ces pratiques. Ainsi les rituels quasi religieux précédant chaque contact avec la chair morte sont peut-être les moments les plus curieux du film. Cette volonté de montrer une sexualité hors normes en gommant tous les a priori inhérents au sujet et tout érotisme, rappelle parfois Crash de cet autre cinéaste canadien, David Cronenberg.
Cependant, Kissed est un film bizarrement inégal, que l’on sent parfois trop spontané et, du coup, pas assez maîtrisé.
L’utilisation systématique de la voix-off et une première partie explicative sur l’enfance de l’héroïne, ne font qu’alourdir le sujet au lieu de lui donner plus de sens. De plus, la surperposition d’une histoire d’amour nécessairement tragique mais (oh combien !) conventionnelle sur le sujet semble maladroite et prive le film de sa vraie force. Mais il est indéniable que Kissed possède ses propres moments de grâce, ses envolées lyriques particulières qui le rendent digne d’intérêt.