A quelques exceptions près, le filon de la comédie romantique, exploité sans discernement depuis les années 90, semble s’être aujourd’hui tari. Hollywood paraît condamné à recycler les mêmes personnages stéréotypés, à leur faire vivre des romances calquées sur les grands schémas matriciels de l’âge d’or du genre. Les années 30 avaient Lubitsch et Hawks, les années 50 Preston Sturges et Billy Wilder. Les années 90 ont eu Nora Ephron, et des orgasmes simulés dans les McDo. En ce début de XXIe siècle, faute d’auteurs véritables, les scénarii issus des laboratoires des majors semblent être des clones boiteux, dont le public peu à peu se détourne. Kate et Leopold, sorte de « retour vers le futur » amoureux, n’échappe malheureusement pas à la règle.
Soit, dans le New York du XIXe siècle finissant, Leopold (Hugh Jackman) un jeune duc célibataire et rebelle qui cherche à échapper à un mariage concocté par son oncle. Et soit, un siècle et des poussières plus tard, Kate McKay (Meg Ryan, quadra de « charme » fleurant bon les crèmes de beautés et l’après shampooing), l’active-woman type, cadre dans une boîte de pub, comblant par un travail acharné une vie sentimentale décevante. Un procédé « surnaturel », orchestré par un savant malchanceux, l’ex de Kate, va leur permettre de se rencontrer.
Certes, le prétexte manque singulièrement d’originalité, et d’ailleurs, Kate et Leopold réserve très peu de surprises quant au déroulement des opérations. Néanmoins, malgré un rythme laborieux et la mise en scène sommaire de James Mangold, on sait gré aux scénaristes d’avoir su déjouer les principaux pièges du sujet. L’anachronisme de Leopold est traité subtilement, l’humour fait parfois mouche (voire l’amusante parenthèse sur les déjections canines, et l’incursion de Leopold dans la publicité). Le thème choisi est finalement la confrontation entre les approches amoureuses des deux époques, la conduite exemplaire de Leopold tranchant avec la vulgarité des moeurs américaines, symbolisées par un patron cuistre et dragueur, et le frangin de Kate, archétype du blaireau que le film cherche malgré tout à rendre positif. Pourtant, Kate et Leopold manque essentiellement de mordant, de férocité, et, du coup, se rabat sur les lieux communs habituels. Cette rencontre bien trop programmée s’achève comme une bluette, insipide et vite oubliée.