Dans la tradition du docu américain édifiant post-Michael Moore, mais sur le versant sobre, Jesus camp opère une joyeuse plongée chez les « born again christians », cette congrégation d’illuminés qui fait le socle de l’Amérique de Bush fils (53% des suffrages de la dernière présidentielle, quand même), qui « parle en langues » et qui est bien décidée à en finir, côté éducation, avec la vermine darwiniste qui voudrait faire gober à ses chères têtes blondes qu’elles descendent du singe -quelle drôle d’idée.
Succession de vignettes diversement passionnantes, le film a la forme habituelle du genre, mais en mode light, roublarde mais pas trop, misant sur la cocasserie involontaire et plein cadre de ses sujets, sur l’air de « on n’a rien à ajouter ». Le cahier des charges est tenu avec une efficacité certaine, louvoyant sans surprise autour de la ligne médiane habituelle de ce type de démonstration (ça fait peur, mais en même temps ça fait rire aussi). Enfilés sur sa chronique-brochette, quelques moments assez hilarants quand même : une ado fagotée d’un t-shirt rose bonbon siglé « Daddy is in the army » qui confesse son goût pour le heavy-metal chrétien, infiniment plus fréquentable selon elle que cette traînée de Britney Spears ; des shows évangéliques survitaminés (le Mc : « Who’s in da house ? » / la foule en délire : « J.C. ! ») ; et surtout Becky Fischer, figure principale, pasteur pentecôtiste et responsable d’un camp d’été pour marmots (« Kids on fire », ça ne s’invente pas), parce que bon, vu comme les petits muslims sont remontés, il serait peut-être bon de remotiver les troupes côté chrétien, dès fois qu’il faudrait se préparer à leur mettre la pâtée. C’est le fan-club de Dantec qui va être content.