En attendant Molière 2 contre les Ninjas, et Jean Racine Vs Supercopter, voici Jean de la Fontaine, le défi. Titre rigolo qui cache tout de même un croisement fulgurant : l’un peu ringard Daniel Vigne (qui avait réalisé Le Retour de Martin Guerre dès 1542) rencontre la Yop génération. Lorant Deutsch joue La Fontaire, Julien Courbey enfile la perruque de Molière. Comme tous les biopics, Jean de la Fontaine, le défi (on ne s’en lasse pas) survend l’image de son héros dans la peau de l’homme-absolument-libre, plus absolument-libre que les autres hommes-absolument-libres survendus par la concurrence. Cette compèt’ est lassante, et finalement ne dit rien d’une figure qui, comme les autres, a fait son lot de compromis. Ici, le fabuliste affronte le roi soleil sur une question importante : si le souverain tient son pouvoir de droit divin, est-il pour autant au-dessus de la littérature, comme il est au-dessus des hommes ? Question passionnante, mais qui prend devant la caméra de Daniel Vigne les atours d’un aimable étalage de formules toutes faites.
Donnant dans la tendance « journée du patrimoine » du genre biopic, le film se concentre surtout sur le défi qu’il s’est trouvé : caser un max de citations de La Fontaine. D’où ce délicieux running gag : à chaque vérité proverbiale balancée par JLF au bistrot où il tape le carton avec ses potes, Racine se lève de son siège pour tenter de chouraver la formule. C’est le côté JLG du film. On se balance des copyrights au nez en comptant les points, histoire de rétribuer au maximum l’apport considérable de La Fontaine aux manuels scolaires des enfants de France. Ajoutez à cela Philippe Torreton en Colbert, le méchant du film, fronçant sourcil et retroussant narines, et vous obtenez une tambouille amusante, mais bizarrement pas aussi réjouissante qu’un vieil épisode de Albert le cinquième mousquetaire.