Décidément, MK2 aime les Polonski ! Après avoir distribué en salles les turpitudes d’André, le pianiste virtuose de Merci pour le chocolat, voici celles d’Abe, qui bosse avec ses deux frères, Ben et Josh, dans un magasin de tissus du Lower East Side à New York. Du milieu huppé genevois, dépeint avec une certaine gourmandise par l’ami Chabrol, nous passons ainsi au quotidien plus laborieux des fripiers juifs new-yorkais, dont les jours s’égrènent doucettement, entre disputes à la boutique et réunions familiales avec maman. Cette douce monotonie, un peu étouffante quand même, s’effondre brutalement le jour où Josh est froidement abattu dans la rue. Abe n’a dès lors plus qu’une idée en tête : comprendre ce qui est arrivé à son frère. Commence alors une errance dans le New York trouble et malfamé que fréquentait ce dernier…
On le devine, I am Josh Polonski’s brother fonctionne intégralement sur le contraste entre la vie balisée d’Abe -sa femme, sa petite fille, sa mère et son frère- et l’univers de la nuit, peuplé de jolies prostituées, de méchants proxénètes et de dangereux gangsters. En essayant d’élucider le mystère de la mort de Josh, Abe ne part pas simplement à la découverte de son frère, mais à la rencontre de soi-même, de cette part d’ombre qui le fascine et le terrifie à la fois : le sexe, le sang, le fric, les flingues. Or, autant la caméra super-8 de Raphaël Nadjari retranscrit avec une certaine aisance le milieu familial, non sans abuser parfois de facilités stylistiques (les nombreux zooms et les mouvements impulsifs de la caméra dans la scène de repas), autant la description et la reconstitution du New York by night font toc. Rien de honteux, pas de gros plans voyeurs sur les popotins compulsifs des strip-teaseuses aguichantes, mais rien de bien transcendant non plus, rien en tout cas qui dépasse le cadre strict de la narration et du dispositif esthétique créé par le format super-8. Les scènes d’amour entre Abe et Jill -la prostituée- ne dégagent ainsi aucun mystère, aucun trouble, alors qu’elles sont essentielles pour le récit de Nadjari. De la même façon, le pétage de plombs final, sorte de Taxi driver du pauvre, est beaucoup trop soudain pour être honnête. Rien n’y fait : la descente aux enfers d’Abe est aussi vaine qu’incompréhensible.