Coincé entre le Festival de Cannes et les blockbusters de l’été, le mois de juin a la réputation d’être une période plutôt creuse pour le cinéma. De fait, il faut s’attendre à voir un peu tout et n’importe quoi sortir sur les écrans. Au-delà de toutes nos attentes, le film de Jean Paul Lilienfeld apparaît comme le nadir de la production cinéma française de l’année 2001. Certes, on ne s’attendait pas au chef-d’oeuvre, mais tout juste à être diverti. Consternante parodie de film noir, HS tombe à côté de la plaque dès les premières scènes. On y voit Dieudonné, tueur sous contrat, initier le jeune Lorant Deutsch aux joies de l’hémoglobine. Scène bêtement violente, mal filmée, d’un humour noir pas drôle du tout qui, hélas, donne le ton du film entier. Le tueur à gages, après avoir involontairement plongé sa femme dans le coma d’un coup de poing (!), décide de raccrocher et entame une longue rédemption, qui consiste à mettre des bâtons dans les roues de ses collaborateurs, à savoir François Berléand, un tueur has-been, et Lambert Wilson, le chef de bande homosexuel.
Lilienfeld joue les Tarantino du pauvre et racole le spectateur avec des moyens cinématographiques d’une pauvreté accablante. Dieudonné, pas particulièrement judicieux dans la conduite de sa carrière cinéma, persiste à faire l’acteur sans se donner le moindre mal, et se cantonne dans une médiocrité qui finira par lui coller à la peau. Quant à Berléand, Lambert Wilson et Jacky Berroyer, on s’étonne qu’ils consentent ainsi à se compromettre : HS fera tache sur leur CV. Ce mélange entre deux « série noire » d’Alain Gagnol constituait pourtant un sujet de comédie qui en valait bien d’autres. Mais l’écriture s’avère ici d’une indigence rarement atteinte, à tel point que l’on se demande si HS n’est pas une simple opération de producteurs (en coproduction : Paradis films, producteur de Wong Kar-waï, Orly Films, et France 3, rien que ça !) destinée à remplir leurs quotas annuels. De quoi vraiment se mettre en colère, quand on voit de pareils budgets jetés par les fenêtres.