Fort du succès du malicieux Shaun of the dead, Edgar Wright et son compère Simon Pegg remettent le couvert, refont le coup, le premier à la mise en scène, le second à l’interprétation, les deux à l’écriture. Quel coup ? La parodie, farcie aux clins d’œil, d’un genre et de ces neveux, film de zombie là, action movie rosbeef ici. S’il était évident de décrire à quoi s’accrochait tel un parasite clown Shaun of the dead (les zombies de Romero), Hot Fuzz est moins fastochement réductible à la parodie d’un genre en particulier. Action movie rosbeef a-t-on dit faute de mieux, puisque le film a la tête en Californie et les pieds dans une Angleterre tweed à mort. Regarde du côté de Point break et de Bad boys, de Walter Hill et de L’Arme fatale, du good cop et du bad cop, en même temps qu’il propose une variation sur The Wicker man : un flic londonien balaise, tellement balaise qu’il fait passer ses collègues pour des nuls, est muté dans un patelin réputé le plus sûr du pays. Sauf que cette superficielle tranquillité cache un lourd secret, sans blague, trois points de suspension.
Long à se mettre en route, ce film potache a tout pour attirer une sympathie estivale et inconséquente. Sauf que le metteur en scène a décidé de nous en faire baver. Rarement en effet on aura subi réalisation aussi agressive, aussi bourrine et soûlante. Fâché avec son monteur, dont il a dû au minimum tuer le chien, Wright filme et surfilme tout à la truelle. Pas un plan sans son petit (grossier) effet sonore, pas une scène qui ne soit lacérée de coupes inutiles. C’est aussi stupide que ces blockbusters (cf. le prochain Transformers) qui dépensent les dollars par millions pour des scènes de bouillie visuelles, où il est humainement impossible d’y voir quelque chose. C’est surtout incroyablement puéril, et ôte au film toute la vivacité de ses trouvailles. Encore que, à bien y repenser et une fois le mal au crâne atténué par deux tubes d’aspirine, pas grand-chose d’autre à se mettre sous la dent que ce défilé de références (ouais, bon, so what ?) et cet humour collégien dont on a vite fait le tour, et qui s’avère – osera-t-on le dire tant le film vise le culte ? – gentiment ringard.