Depuis qu’il est entré avec Scream dans son âge cynique, le film d’horreur a explosé en une myriade de sous-genres, du slasher puritain avec bimbos et rustre assassin au retour paillard de l’épouvante campagnarde relisant les classiques (Détour mortel, le remake de Massacre à la tronçonneuse, celui, à venir, de La Colline a des yeux par Alexandre Aja), aux derniers combats (Freddy vs Jason), à tout un manège de remontée du refoulé et des peurs enfouies (The Descent). En marge, court aussi une histoire du sanguinaire guignol qui s’essouffle un peu, ne trouvant que dans les films Trauma un porte-drapeau à demi-moribond. Au moins parce qu’on y aperçoit furtivement un extrait de Trauma-film sur l’écran de télévision d’un salon, Horribilis ne cache pas son appartenance à ce dernier sous-genre, l’horreur de carnaval, mélange de vision franchement répugnantes et de potacherie bon enfant. Argument Z : à trou-du-cul-land city, au fin fond d’une Amérique anonyme où le seul événement de l’année est l’ouverture de la chasse au cerf, une créature venue de l’espace féconde un autochtone qui se transforme en monstre gluant et contamine tous les habitants. Des larves sanguinolentes, boudinées et têtues s’introduisent par la bouche dans les corps des braves gens, qui deviennent zombies assoiffés de sang, et seule la vaillance d’une poignée de rescapés (la femme du premier contaminé, le shériff, une bécasse locale) pourra sauver le monde du péril from outer space.
Plaisant par moment, quand s’enchâssent à vitesse grand V ses deux mouvements (le dégueulasse, l’humour qui le désamorce), Horribilis peine toutefois à trouver son ton, sa patte, coincé qu’il est entre déclarations d’amour à la série Z et attirail technique qui le fait grimper à la catégorie au-dessus : effets spéciaux convaincants, mise en scène assurant toujours ses arrières, nulle aberration technique propre à la pure zèderie. Film voulu nanard et essai, mais sans verser dans le concept ou la relecture, ne se permettant que de rares clins d’œil cinéphiles (la grosse limace qui se dandine dans la baignoire d’une jeune fille insouciante, comme dans Rage de Cronenberg). Tiraillé entre plusieurs râteliers, Horribilis ne trouve jamais une identité propre.