Après les Spice Girls, c’est au tour des All Saints de s’attaquer au cinéma. Plus douées pour la comédie que leurs consœurs, les trois filles s’en sortent plutôt bien en incarnant de vrais personnages de fiction, loin de l’essai parodico-narcissique jouant sur leur image de star. Autre musicos à la carrière tout aussi commerciale mais ponctuée d’indéniables réussites (avec Eurythmics), Dave Stewart signe quant à lui son premier film. Si ce métissage très pop craignos ne présageait rien de bon, le résultat est pourtant loin d’être déshonorant, bien qu’il souffre toutefois d’une certaine indigence générale, atténuée par l’énergie bon enfant de l’expérience.
En choisissant de plonger son récit dans le Londres psychédélique de la fin des années 60, Dave Stewart revisite son passé -forcément décadent- par le biais d’un récit féministe. Dans le rôle de braqueuses travesties en mecs, commettant leurs méfaits afin de se sortir de la misère (l’inévitable côté socio-pute du pire cinéma anglais), les All Saints pilotent le récit avec fougue et ne comptent pas se laisser mener par la loi des hommes, avant que Gerry (Nicole Appleton), l’aînée du trio, ne tombe amoureuse de Daniel (Peter Facinelli), jeune Apollon reporter de son état et adhérant sans réserve à la cause des malfrats en jupons. Ainsi, pendant que les deux cadettes continuent tant bien que mal leurs hold-up branquignols, Gerry plonge avec Daniel dans les joies du space cake et de la levrette. Mais comme les lendemains de fête sont souvent douloureux, Gerry préfère prendre la poudre d’escampette, en laissant seul son amant dépité…
Soyons clairs, l’intérêt de Honest est franchement limité, Dave Stewart ne cherchant pas le moins du monde à bousculer son spectateur avec cette aventure en demi-teintes, agrémentée çà et là de zooms et ralentis anarchiques. Mais c’est justement cet aspect film de pacotille conscient de sa séduction éphémère qui finit par emporter le morceau, comme si la seule joie de raconter une histoire, aussi pauvre soit-elle, suffisait à l’ambition du cinéaste débutant. Ce plaisir purement narratif s’avérant assez communicatif (surtout grâce au panache de nos trois chanteuses), on en vient à oublier l’absence de nécessité d’un tel projet.