On ne présente plus la série best-seller Harry Potter, mettant un jeune apprenti magicien en prise avec des forces maléfiques qui tentent, tant bien que mal (et plutôt mal, évidemment), de forcer les portes de la respectueuse école de sorcellerie Poudlard. Cet Harry Potter à l’école des sorciers est, on l’aura aisément compris, l’adaptation du premier tome des aventures du garnement, en attendant sans doute les suivantes (d’autant que le film est en passe de battre tous les records outre-Atlantique)… Sagement et prudemment, les auteurs ont choisi de rester extrêmement fidèles à l’ouvrage original, histoire d’essayer de réitérer en salle le succès qu’a connu la série en librairie. De cette démarche formatée résulte irrémédiablement un produit industriel. Un très bon produit, mais un produit quand même. Rien de plus, rien de moins, ce qui n’est déjà pas si mal !
Certes, on n’attendait pas de la part de Chris Colombus, auteur à succès des Maman, j’ai raté l’avion et autres Madame Doubtfire, un cinéma démiurgique, fort et envoûtant, mais, pour être totalement honnête, on ne prévoyait pas non plus cette semi-réussite. Bien que totalement impersonnel, ce Harry Potter… est en effet suffisamment bien ficelé, ou plutôt bien fabriqué, pour qu’on s’y attache jusqu’au bout. Le casting est impeccable, notamment pour le rôle titre (Daniel Radcliffe, vu dans The Tailor of Panama, correspond parfaitement à l’image que l’on avait du môme sorcier), le récit très bien rythmé, la musique de John Williams très efficace, les effets spéciaux assez bluffants (certaines bestioles animées -un troll repoussant, un chien à trois têtes, etc.- évoquent Ray Harryhausen, gloire ancienne des effets animés dont le travail, surtout sur Jason et les argonautes, a fasciné plus d’une génération de spectateurs)… Bref, Chris Colombus est parvenu, avec un certain savoir-faire, à nous plonger dans une espèce d’atmosphère fantastique assez plaisante, qui n’est pas sans rappeler ces films « d’aventures merveilleuses » de notre adolescence, Les Goonies ou Le Secret de la pyramide (films dont le scénariste n’était autre, d’ailleurs, que Chris Colombus lui-même).
Bien entendu, l’idée de base de Harry Potter (personnage créé par J.K. Rowling), à savoir réunir dans un même « monde » les préoccupations terre-à-terre de nos charmants bambins (l’école par exemple) et leurs « délires imaginatifs » (les monstres, la magie…), était on ne peut plus ingénieuse. Tout le mérite de Chris Colombus et de son équipe a été finalement de se mettre au service de cette idée, sans la pervertir, ni l’engloutir sous une tonne d’afféteries esthétiques dégoulinantes.