Improbable croisement entre Retour vers le futur et un épisode de Sexe and the city, Happy accidents séduit par son ton léger et les voies audacieuses empruntées par son récit. Après Next stop to Wonderland, son quatrième film (Prix du public au Festival de Deauville en 1998), Brad Anderson nous livre une sympathique comédie de moeurs new-yorkaise matinée de science-fiction et de physique quantique.
Alors que les premières minutes nous laissaient craindre le pire, en gros le babillage désespérée d’une trentenaire esseulée qui s’épanche chez sa psy, Happy accidents quitte les territoires balisés de la sociologie à deux balles pour s’aventurer dans ceux plus dérangeants de la comédie loufoque et absurde. Si Ruby (Marisa Tomei) consulte un psy, ce n’est pas pour se lamenter de sa triste condition de célibataire, mais bien plutôt parce qu’elle est tombée follement amoureuse d’un Cas. Après quelques jours d’idylle parfaite, Sam (Vincent d’Onofrio) lui annonce effectivement qu’il est un voyageur du temps en provenance de l’an 2470. Contre toute attente et sur les conseils de sa meilleure amie qui prend ces affirmations pour un jeu érotique entre les deux tourtereaux, Ruby finit par entrer dans le délire de Sam. A partir de là, Happy accidents parvient à nous séduire en se concentrant sur le dialogue pour le moins insolite que vont nouer Sam et Ruby. Dénué d’effets spéciaux, hormis quelques très belles séquences oniriques et « spacio-temporelles » sous forme de collage, le film joue la carte de la simplicité puisque l’univers de Sam, plus cérébral que géographique, restera confiné dans le domaine de l’imagination et des mots.
Au moment où l’on commence à douter avec l’héroïne de la santé mental de Sam, Happy accidents contourne opportunément la voie de garage attendue et finit à l’unisson du film, sur la même note délirante. Malgré quelques longueurs dues aux passages légèrement guimauves de cette comédie qui se veut aussi romantique, le film de Brad Anderson parvient à créer un petit monde décalé sur un mode vraiment original, bien loin des productions indépendantes standardisées, estampillées Festival de Sundance.