Adapté d’une nouvelle de Kenji Miyazawa, écrivain du début du siècle qui mit son talent au service des paysans et de la vie rurale japonaise, Goshu, le violoncelliste est un joli conte poétique, une ode champêtre à la grande musique. C’est aussi l’une des première oeuvres littéraires japonaises à faire l’objet d’une adaptation en film animé, les producteurs de l’époque préférant adapter des oeuvres européennes, plus attrayantes et dépaysantes aux yeux du public. La société Ô productions, productrices de nombreuses séries et courts-métrages animés dans les années 70, décide de passer au long métrage avec un budget minimum: Goshu est réalisé par des techniciens plus ou moins bénévoles, sur une période de plus de six ans, avant de sortir au Japon en 1980. Depuis cette date, il est resté à l’affiche (c’est également l’un des films les plus utilisés comme support pédagogique dans les écoles !). Sans doute pas un hasard que ce tournant dans l’histoire de la production animée japonaise ait été négocié par Isao Tahakata, futur réalisateur du Tombeau des Lucioles et du récent Mes voisins les Yamada. Notre homme est effectivement préoccupé par le passé et l’évolution de son pays, toujours soucieux d’explorer dans ses films plusieurs aspects du Japon et de son histoire.
Goshu est un jeune et maladroit violoncelliste, qui par son jeu terne et approximatif attire les foudres du directeur de l’orchestre d’un petit village de province. Jeune homme solitaire, il s’enferme dans sa cabane, à la lisière d’une forêt, pour étudier la 6e symphonie de Beethoven. Il reçoit successivement la visite de plusieurs animaux, (un chat, un coucou, une souris, etc.) qui le dérangent dans son travail, mais lui apprendront à son insu le véritable sens de la musique…
A mi chemin entre un certain réalisme rural et le merveilleux du conte, Goshu, le violoncelliste séduit d’abord par la finesse de l’animation, la poésie modeste et souvent humoristique qui se dégage de chaque personnage. Il surprend aussi par son thème, qui laisse une large place à l’amour de la grande musique européenne, romantique (le portrait sévère du grand Ludwig Van qui semble juger l’interprétation de Goshu). Ce mélange étonnant entre l’évocation d’un monde enfui, le Japon du début du siècle, la petite vie de province aujourd’hui disparue -les sociabilités paysannes et rurales étaient le thème de prédilection du romancier Miyazawa- et le fantastique à la fois drôle et romantique qui sous tend l’histoire, donne à Goshu un charme particulier. Cette fable subtile et distrayante sur les affres de la création mérite sans aucun doute l’attention du public français. A découvrir.